Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Landscapers
Chris et Susan Edwards, paisible couple de britanniques installés en France, sont accusés d'avoir tué quinze ans plus tôt les parents de Susan, de les avoir enterrés dans leur jardin et de continuer depuis lors à toucher leur pension. Chris et Susan donnent alors leur version des événements tandis que la police cherche à les faire avouer leur crime.

Au départ, un fait divers sordide réel, de ceux qui défraient la chronique de temps en temps et font les beaux jours des émissions de True Crimes: un couple d'Anglais moyens que personne ne remarque jusqu'au jour où l'on découvre les squelettes dans leurs placards ou en l'occurrence dans le jardin, un mobile apparemment vénal et plus on avance, plus les révélations glauques abondent. Les accusés sont condamnés à un minimum de 25 ans de prison mais clament toujours leur innocence. Quelques années plus tard, une fiction télévisée va reprendre les faits en romançant peut-être légèrement même s'il n'en est pas besoin et l'on frissonne en se disant que décidément, les dingues se nichent toujours plus près qu'on ne le pense. Landscapers pourrait être une mini-série dans ce goût-là, et il y a en a eu de très recommandables comme Appropriate Adult mais on opte pour une direction très différente, ce qui n'étonne pas quand l'on connait qui se cache derrière la caméra.

Créé par Ed Sinclair, compagnon à la ville d'Olivia Colman qui joue ici Susan Edwards, Landscapers est co-écrit et réalisé par Will Sharpe, qui avait déjà dirigé Colman dans les deux saisons de Flowers, série éminemment unique et inconfortable à l'esthétique extrêmement travaillée. Le genre d’œuvre trop dérangeante pour qu'on lui voue un amour immédiat et inconditionnel mais qui fait se dire que le responsable est à tenir à l’œil. Bien qu'ici la réalité de l'histoire de base ne fasse pas de doute, contrairement à Fargo, on y pense quand on nous fait d'emblée comprendre qu'on insistera plus sur le mot "histoire" ici que sur le mot "vraie". Le scénario semble prendre le parti des Edwards, couple fusionnel qui se protège mais qui se ment et qui ment au monde entier; on laissera le spectateur juge s'il en est capable mais ce n'est pas vraiment l'intérêt ici.

On découvre vite un couple aimant mais qui souffre de problèmes d'argent et cache à l'autre des choses pour ne pas l'inquiéter: Susan paie une affiche du Train sifflera trois fois une petite fortune qu'elle ne peut se permettre de dépenser et prétend à son mari qu'il s'agit d'une reproduction sans valeur, ce dernier lui tient des propos rassurants sur les entretiens d'embauche qu'il passe alors que son âge et son piètre niveau de français le disqualifient d'entrée. Ce n'est qu'un aperçu mais le malaise s'installe, les mensonges et les secrets de plus en plus terribles s'accumulent et pourtant on ne peut détester ces deux personnages malmenés. En face, voisins et policiers paraissent tout aussi étranges, presque sortis d'une farce, en décalage complet avec les fait très glauques dont sont accusés les Edwards et ce qu'ils révèlent des parents de Susan pour expliquer leur geste.

Les Edwards fuient une réalité horrible dans un univers de fantasmes cinématographiques: Susan collectionne les photos et les objets de stars de western, en particulier Gary Cooper, tandis que Chris entretient une correspondance avec Gérard Depardieu (ou pas) et la réalisation de Sharpe se met au diapason de cette fuite, variant la couleur et les formats, plongeant ses personnages dans de véritables décors de western, c'est toujours inventif, parfois un peu vain peut-être. Olivia Colman et David Thewlis sont parfaits dans le rôle de ce couple étrange mais que l'on plaint tandis que Daniel Rigby, Kate O'Flynn et Samuel Anderson (qui s'est involontairement fait la tête de Pascal Legitimus, ce qui colle étonnamment bien) sont au diapason en flics déterminés mais toujours un peu trop ridicules pour être totalement crédibles.

Qui sont les vrais Chris et Susan Edwards, quelles étaient leurs véritables motivations et que s'est-il vraiment passé? La mini-série d'Ed Sinclair et Will Sharpe ne se soucie finalement guère de répondre à ces questions et esquive la reconstitution d'une affaire réelle pour mieux plonger les spectateurs en pleine évasion dans un monde imaginaire, la forme épousant le fond. Landscapers tire ainsi son épingle du jeu au milieu d'adaptations plus terre-à-terre de faits divers et confirme le style bien particulier de Sharpe.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 29 Décembre 2021, 11:03bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".