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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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La vie de Liszt est un roman
Fils d'un petit fonctionnaire au service du prince Esterhazy, Franz Liszt montre dès son plus jeune âge un talent extraordinaire pour le piano. Son père obtient la permission de se rendre avec lui à Vienne pour qu'il y soit instruit par les meilleurs professeurs. Bientôt, Liszt va se produire dans toute l'Europe et, désireux de repousser les limites du possible sur son instrument, commencer à composer des œuvres déconcertantes.

Disons-le sans détours ni ambages: Liszt fait partie de ces compositeurs qui à l'exception de quelques morceaux (les plus connus donc certainement "grand public") me laissent totalement de marbre. Est-ce parce que j'ai plus généralement longtemps été rétive au piano? Que j'ai du mal à discerner des mélodies auxquelles m'accrocher derrière l'exercice de virtuosité? Des spécialistes expliqueront tout ce qu'il y a de remarquable et innovant dans son travail et je les en croirai volontiers mais je risque de rester toujours autant hermétique à ses œuvres. Qu'importe. Liszt en tant que personne ne m'a pas plus intéressée pendant longtemps car pourquoi l'aurais-je fait si déjà je n'arrivais pas à l'écouter? D'autant que les portraits m'en donnaient un peu l'image de quelqu'un se complaisant dans des poses de grand romantique, ce qui avec le recul prête plus à sourire qu'à se pâmer devant le grand artiste.

Néanmoins, une carrière qui s'étend sur près des trois-quart du XIXe siècle, période de bouleversements musicaux et politiques, des voyages dans toute l'Europe, des rencontres avec d'autres compositeurs, des auteurs, d'horizon divers... Il y a une matière passionnante. Zsolt Harsanyi ne s'y trompe pas. Puisque la vie de Liszt est un roman, autant l'aborder comme un roman plutôt qu'une biographie à proprement parler. Cela n'empêche pas ce joli pavé d'être documenté et riche d'informations mais évidemment, du point de vue de son personnage principal, avec les connaissances dont l'auteur disposait à l'époque et celles qu'il a préféré mettre en avant à sa sauce. On suit un personnage qui très tôt, à force d'un travail acharné sous la férule d'un père qui veut en faire un nouveau Mozart, fait sensation. À Vienne il suit les cours de Czerny (ayant fait du violon et non du piano, je n'ai jamais eu à travailler ses études mais j'ai toujours eu l'impression qu'il était aux apprentis-pianistes ce que le Bescherelle ou le Bled sont aux les écoliers) et Salieri (toujours fidèle au poste bien que plus pour longtemps. Bon point pour Harsanyi d'en avoir fait un portrait sympathique alors que ce n'était pas à la mode) avant d'être adoubé par Beethoven en personne. Ensuite, direction Paris vers de nouveaux professeurs et succès, et des voyages qui ne cesseront guère en presque soixante ans.

On ne va pas tous les évoquer, le roman est foisonnant et riche. Liszt se lie avec Chopin, Berlioz, brièvement avec George Sand, collectionne les aventures, provoque un scandale en se mettant en ménage avec Marie d'Agoult, dont on constate d'ailleurs qu'elle avait bien plus à perdre que lui et la différence de traitement des deux tourtereaux par la société est bien montré... Certaines relations tournent à l'aigre sans que l'on sache toujours pourquoi. Liszt apparait comme un personnage pétri de contradictions, à la recherche d'un but, exalté. Hongrois qui ne parle pas sa langue natale, parfois trésor national parfois rejeté par son manque d'implication concernant les revendications de son peuple, profondément religieux mais incapable de résister à une femme, même vieux, verruqueux et abbé, ce qui le rend de plus en plus pathétique... Si le roman passe du temps sur sa jeunesse, il laisse moins de place au grand âge et le traitement de Wagner parait, non pas expéditif, mais en tout cas lacunaire. On pourra accuser le romancier d'être trop indulgent, pour une raison ou une autre (pas un mot de son antisémitisme forcené, par exemple, alors qu'il a attaqué des gens comme Meyerbeer que Liszt à en croire ce roman admirait) mais Liszt semble entièrement sous son charme peu perceptible et en admiration devant son génie. Cela explique peut-être qu'on ne creuse pas vraiment même si l'on perçoit que Wagner utilise Liszt pour promouvoir sa grande œuvre. Cosima pour sa part apparait comme extrêmement antipathique bien qu'elle n'ait pas eu l'occasion de s'attacher à son père en grandissant.

Itinéraire d'un homme souvent agaçant, La vie de Liszt est un roman laisse épuisé par la multiplication des aventures de toutes sortes de son sujet, parfois répétitives. L'auteur en en dresse toutefois un portrait fascinant, ainsi que de son époque.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 8 Octobre 2024, 20:06bouillonnant dans le chaudron "Littérature".