Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Les Nibelungen, deuxième partie: la Vengeance de Kriemhild
Kriemhild, toujours décidée à venger la mort de son mari Siegfried, lâchement assassiné par Hagen, accepte la demande en mariage d'Attila, chef des Huns. Après la naissance de leur fils, elle fait promettre à son nouvel époux de tuer Hagen. L'occasion vient quand Attila invite le roi Gunther et sa cour à fêter l'arrivée de son héritier.

Parait-il qu'Hitler adorait Siegfried, la première partie du diptyque Les Nibelungen, mais ne goûtait guère sa suite, La Vengeance de Kriemhild. Peut-être vibrait-il aux exploits d'un grand guerrier blond trahi par un sombre fourbe au nez crochu mais n'appréciait pas de voir que pour le venger, son épouse n'hésitait pas à se donner à un sauvage des steppes pour que tout se finisse en massacre général duquel personne ne sortait vainqueur pour établir un royaume prospère (et blond). Il est en tout cas certain que ce deuxième volet a une ambiance différente du premier. Tout d'abord, exit la magie. Pas de dragon, pas de filet à cheveux (pardon, de heaume) enchanté. Les Nibelungen ne sont plus les Nains tout moches mais les Burgondes, ceux qui ont le trésor. Trésor maudit par Alberich mais en fin de compte les personnages n'ont pas l'air poussé par une force extérieure pour se précipiter à leur perte.

Kriemhild n'est plus la douce et naïve fille que Siegfried a épousé mais une femme déterminée, poussée vers un seul but. Elle veut justice, revanche, feu et sang, et c'est le roi des Huns Attila qui peut la lui offrir, pense-t-elle. Ce dernier pourtant ne va pas déclencher une guerre facilement, surtout quand les règles de l'hospitalité sont en jeu et il faudra la mort de son héritier pour le mettre en mouvement (si cela vous rappelle quelque chose c'est normal). Dans le camp burgonde, on se demande pourquoi Gunther et surtout ses frères tiennent tant à protéger Hagen, qui en plus du reste a barboté le trésor dans un endroit connu de lui seul. Ce volet est plus bref que le précédent bien qu'apparemment la restauration n'ait pas conservé tout ce qui a pu être filmé. Les chants s'enchaînent et enfoncent toujours plus les personnages dans les tueries.

Je dirai à mes petits-enfants que ce sont Daenerys et Khal Drogo.

Si l'on n'a donc pas ici une suite d'aventures et d'exploits comme dans Siegfried, Fritz Lang n'a pas perdu pour autant le sens du grandiose: l'arrivée de Kriemhild chez Attila est particulièrement frappante, offrant une fois encore des plans qui marquent la rétine. L'assaut de la forteresse où se terrent Gunther et Hagen est aussi réussi. De quoi contrebalancer le look très pittoresque des Huns dépeints parfois comme de grands enfants incontrôlables ou des passages plus étranges (les gamins tous nus qui semblent annoncer ceux aperçus dans le Excalibur de John Boorman). Accessoirement, je suis venue à bout du Götterdämmerung de Wagner, il est du coup amusant de constater que le scénario de L'Anneau sacré dont j'ai parlé dans ma bafouille sur le premier volet s'en approche davantage que celui de Thea Von Harbou (aucun lien n'est fait par exemple entre Hagen et les Nains alors que Gunther le met sur le tapis avant de mourir dans les deux autres œuvres).

Margarete Schön a l'occasion de camper une Kriemhild qui a évolué depuis le premier volet, et montre ici un côté impavide, toute à sa vengeance au point que son entourage doute de son humanité. Rudolf Klein-Rogge dans le rôle d'Attila est affublé d'un postiche guère seyant pour faire croire qu'il a le crâne rasé couronné d'une mèche mais c'est sans doute lui qui hérite du personnage le plus nuancé: barbare effrayant au premier abord, on le voit s'humaniser devant son fils et il lui revient le mot de la fin, montrant un homme plus lucide que la grosse brute annoncée. Georg John, qui jouait les rôles très flatteurs de Mime et Alberich dans Siegfried, incarne ici un frère d'Attila encore peu gâté par les costumiers et maquilleurs. Acteur habitué des films de Lang (il est le vendeur de ballons aveugle de M le Maudit), il mourra en 1941 dans le ghetto de Lódz.

Difficile d'ailleurs en regardant ce film dédié comme le premier opus "au peuple allemand" de ne pas se demander ce que les acteurs à l'écran sont devenus quelques années plus tard et les destins sont variés. Les Nibelungen reste quoiqu'il en soit impressionnant et ce deuxième volet particulièrement sombre ne dépare pas en comparaison du précédent.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 9 Octobre 2024, 18:02bouillonnant dans le chaudron "Films".