Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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La Cible Humaine
Ringo, un as de la gâchette, est précédé par sa réputation. Il ne peut boire un verre dans un saloon sans que quelqu'un ne vienne le provoquer pour se mesurer à lui. Après avoir abattu une nouvelle fois un homme en duel, Ringo part pour la petite ville de Cayenne où il va retrouver de vieilles connaissances.

Le pistolero est une figure incontournable du western, qu'il soit un héros mettant ses capacités au service d'une bonne cause ou un antagoniste offrant au personnage principal l'occasion de s'illustrer en l'affrontant dans un duel attendu. Henry King s'attache ici à montrer une réalité plus terre-à-terre: Ringo n'est ni un héros, ni un grand méchant, juste un pauvre type qui a bien profité de son talent au tir avant de réaliser, avec les années et les cadavres accumulés, qu'il n'en avait retiré que des ennuis et que tout repos, à part éternel, lui est interdit.

Gregory Peck le comprend bien et ne cherche pas à rendre son personnage plus cool qu'il n'est: oui, il tire si vite que la caméra ne le montre même pas dégainer mais il ne le fait désormais plus que pour survivre, en état de légitime défense, et même cela ne fait qu'aggraver ses ennuis puisqu'à chaque homme tué s'ajoutent des parents cherchant vengeance. En s'arrêtant à Cayenne, il cherche une dernière fois à renouer avec un passé qui lui avait laissé un espoir de vie paisible, mais il est déjà trop tard.

Bien qu'il ne soit pas sous contrat, Ringo n'est pas sans rappeler le tueur d'Une balle signée X dans le sens où sa seule présence en ville, sans qu'il fasse montre d'aucune violence, va révéler les caractères et provoquer des troubles: Mark, ancien complice rangé des voitures, va tenter de l'aider et de calmer le jeu, son ancien amour va devoir choisir entre continuer de l'ignorer ou lui accorder un dernier entretien, la ligue de vertu locale veut l'éjecter de la ville et Hunt Bromley, le jeune crétin du patelin, y voit l'occasion de se tailler une réputation de dur en le provoquant en duel.

Malgré une séquence amusante où les dames respectables de la ville évoquent leurs sentiments et leurs projets à son égard à Ringo sans savoir qui il est, le film est sombre et triste, et ne mise absolument pas sur l'action ou le spectaculaire mais davantage sur l'étude de caractères. En plus de Peck, Millard Mitchell est très bon en shériff solide mais sous-estimé de ses concitoyens car il ne porte pas d'armes, tout comme Skip Homeier en excité de la gâchette. Loin d'être une figure admirable ou qui suscite la peur, Ringo est un homme condamné dès le départ et qui ne pourra connaître qu'une fin misérable. Non sans avoir transmis la malédiction à celui qui l'aura abattu et devra vivre avec la réputation d'être celui qui a abattu le mythique pistolero Ringo (on pense un peu alors à Bob Ford, l'homme qui tua Jesse James).

La Cible humaine fait partie de ces westerns qui revisitent les légendes de l'Ouest pour en montrer un aspect bien moins flamboyant que l'image qu'on a pu en donner et le fait avec une mélancolie appropriée et touchante.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 5 Juillet 2020, 12:46bouillonnant dans le chaudron "Films".