Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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La Charge héroïque
Quelques jours avant sa retraite, le capitaine Nathan Brittles doit mener une dernière patrouille et escorter les femmes du fort au relais de diligence le plus proche. Néanmoins, des guerriers cheyennes encouragés par la cuisante défaite de Custer peu de temps avant vont contrarier cette ultime mission.

Contrairement au Massacre de Fort Apache, premier volet de la trilogie que John Ford consacra à la cavalerie (et dont je n'ai toujours pas vu le dernier opus, Rio Grande), La Charge héroïque ne m'avait pas laissé un souvenir particulièrement vivace et jusqu'à ce qu'Arte le repasse hier soir, je n'avais pas manifesté une grande impatience de le revoir. C'est chose faite et mes réserves demeurent ou du moins je comprend mieux pourquoi malgré son statut, je ne le placerais même pas dans un top 20 de mes westerns préférés, contrairement à d'autres John Ford.

Comme souvent, le réalisateur s'attache à décrire une petite communauté isolée dans une région encore indomptée: un fort peuplé d'officiers honorables et de leurs vaillantes épouses, de vieux sergents irlandais alcooliques et de jeunes lieutenants. Ajoutons un agent du gouvernement corrompu et des tribus sur le sentier de la guerre, le tout parcourant en long en large et en travers Monument Valley, ici magnifiée si besoin était par un superbe technicolor et le tableau est complet.

Néanmoins, là où Le Massacre de Fort Apache introduisait une tension à l'intérieur même du fort en la personne du colonel Thursday, boute-feu avide de gloire, La Charge héroïque semble presque n'utiliser l'enjeu que comme un prétexte pour faire vivre ses personnages. Or, le triangle amoureux formé par Joanne Dru, John Agar et Harry carey Jr n'est pas spécialement passionnant, on a déjà donné dans l'humour de caserne dans le volet précédent, en mieux, et s'il est agréable de voir le conflit désamorcé par la ruse après une conversation avec un vieux chef kiowa ami de Brittles qui n'a pas plus envie de voir des tueries que ce dernier plutôt qu'une grosse bataille qui ferait office de revanche à Little Big Horn, la fin est tout de même un peu faible, sans parler de la voix-off pompeuse, ou de l'évocation émue des grands généraux de l'armée américaine, Grant, Sherman et Sheridan, sans oublier Lee, ne soyons pas chiens.

De cette vision trop bon enfant pour ne pas agacer avec le recul des années émergent tout de même des séquences marquantes, comme le sort fait par les Cheyennes au vilain agent du gouvernement: alors qu'on s'attend à voir John Wayne intervenir héroïquement ou au moins abréger les souffrances du trafiquant, il ne se sert du couteau emprunté à l'un de ses hommes que pour se tailler un bout de chique avant de revenir au camp. John Wayne est d'ailleurs l'atout du casting (ce que je dirais rarement, même si je ne le trouve pas catastrophique en général: disons que bien dirigé, il pouvait être tout à fait bon, c'est le cas ici). En capitaine bourru proche de ses hommes et de la retraite, prématurément vieilli, il porte le film. Notons également un bon Ben Johnson en sergent dégourdi, à se demander pourquoi le personnage féminin joue avec les deux insipides lieutenants blondinets alors qu'il est là. Bon, en fait, on sait, ce n'est qu'un sous-off!

La Charge héroïque est donc un spectacle lyrique, d'une grande beauté plastique et avec un numéro d'acteur qui vaut le détour mais dont le fond est finalement beaucoup plus superficiel et a beaucoup moins bien vieilli que celui de Fort Apache sans doute plus audacieux dans son thème pour l'époque.

potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 9 Décembre 2019, 17:54bouillonnant dans le chaudron "Films".