Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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La Brigade du Suicide
--> It's Noirvember!
O'Brien et Genaro sont deux agents du Trésor chargés d'infiltrer une bande de faux-monnayeurs. Les deux hommes sont prêts à tous les risques pour remonter la filière et ils vont en courir, d'autant plus quand leur couverture est menacée.

Anthony Mann est surtout connu pour ses westerns, notamment son association fructueuse avec James Stewart, et plus tard dans sa carrière pour ses fresques à grand spectacle telles que Le Cid ou La Chute de l'Empire romain. Il a cependant été un vrai touche-à-tout, comme la plupart des réalisateurs de son époque se faisant la main sur les scénarios qui se présentaient et il s'est donc frotté au film noir (à ce propos, John Ford s'y est-il essayé? A priori je n'en vois pas). La Brigade du Suicide est l'un d'eux et il ne s'appelle pas Suicide Squad dans la langue de Shakespeare mais T-Men en référence aux hommes du Trésor public qui sont les héros de cette histoire. Des agents du Trésor, ça ne vend pas du rêve sur le papier mais comme on nous le rappelle à plusieurs reprises, ils ont coincé Al Capone. En ouverture, un authentique ancien responsable des services nous présente doctement les différentes branches et en particulier le "Secret Service" dont on va suivre deux glorieux représentants.

Il y a une volonté affichée de donner une patine de documentaire au récit, avec une voix-off commentant les actions des protagonistes. Pas question cependant de filmer caméra sur l'épaule et autres artifices, ici la réalisation de Mann est très classique, plus soucieuse de soigner ses plans que de courir après ses acteurs. Des plans soignés, il y en a à foison et surtout, Anthony Mann est assisté de John Alton à la photographie, dont je pense avoir parlé à propos d'Association criminelle où il faisait aussi des merveilles. Les scènes dans le bain turc où "le Combinard" a ses habitudes sont ainsi particulièrement prenantes alors qu'à l'exception de la dernière, il ne s'agit après tout que d'hommes qui poireautent dans de la vapeur.

La volonté de sérieux, de romancer sans trop en faire, donne son caractère particulier au film mais le limite peut-être aussi. Les deux personnages principaux sont assez basiques chacun dans leur genre: le célibataire séduisant et le petit époux fidèle contraint de mettre son mariage entre parenthèses (devinez qui l'on sacrifiera pour émouvoir dans les chaumières et illustrer l'abnégation des T-Men?). Les faux-monnayeurs sont tous plus louches les uns que les autres avec là aussi des profils différents et un boss final inattendu mais le ton est trop édifiant et a tendance à laisser un peu à la porte, on admire l'astuce, le courage et la persévérance des héros sans vraiment trembler pour eux malgré le danger.

Petit budget oblige, pas de grosses stars à l'horizon mais des habitués des seconds rôles et des séries B. Dennis O'Keefe a la bonne tête du héros américain à la mâchoire carrée, ses adversaires ont l'air immensément louches et on retiendra en particulier Wallace Ford en "combinard" dont tout le monde se méfie à raison et Jane Randolph en intrigante placée à une position clé de la chaîne que remonte O'Brien et Genero. En bref, tout le monde est très correct, pas de fausse note et a la bobine de l'emploi mais cela manque un peu de vrai charisme.

Anthony Mann ne s'est pas imposé comme réalisateur de films noirs comme il a pu le faire avec le western mais il serait dommage de faire l'impasse sur La Brigade du Suicide et sa superbe photo.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 17 Novembre 2023, 23:19bouillonnant dans le chaudron "Films".