Kara Wade apprend la mort de sa sœur jumelle Kelly qui s'est jetée du haut d'un immeuble new-yorkais. Elle découvre que la défunte était suivie par un psychiatre et souffrait d'une double personnalité suite à un traumatisme. Traumatisme enfoui que partagerait aussi Kara, qui commence à avoir des absences.

Je m'étais déjà frottée à F. Paul Wilson dans ma plongée dans le catalogue Pocket Terreur avec Mort clinique, un thriller médical qui aurait pu être plus terrifiant mais restait honnête et La Forteresse noire qui partait d'un point de départ rigolo - voir des nazis se faire dessouder par une force encore plus maléfique qu'eux - mais se révélait décevant malgré de bons moments. Bref, rien de génial mais rien de honteux non plus. Si j'avais commencé par Liens du Sang, je ne suis pas certaine que je me serais aventuréeee à nouveau dans sa bibliographie. Non que ce roman soit particulièrement catastrophique mais c'est de loin le moins bon d'un trio qui dans le meilleur cas n'atteint pas des sommets.

La faute en revient aux personnages plus qu'à l'intrigue elle-même. L'héroïne Kara et son ex Rob, policier qui se charge d'enquêter sur la mort de Kelly, ont des échanges d'une niaiserie qui n'aide pas franchement à s'intéresser à leur relation passée ou à celle qui se reforme. Kara est mère célibataire d'une ravissante gamine et féministe sur le point d'écrire un livre qui marquera le mouvement (or même pour un roman qui date d'il y a trente ans elle n'a pas l'air d'avoir inventé l'eau tiède), déteste la grande ville de New York, Rob Harris est un flic qui au contraire adore cette ville, comment vont-ils trouver un terrain d'entente? L'horrible histoire qu'ils vont vivre (surtout Kara) devrait forcément les rapprocher. En face d'eux on ne perd pas de temps à faire comprendre d'où vient la menace (encore que, il y a un truc) et il n'y a guère qu'Ed Bannion, quidam présent lors de la mort de Kelly, qui veut éviter un scandale mais aussi comprendre ce qu'il s'est passé, pour ne pas appartenir à un moule, ce qui le rend intéressant quand il s'avère plus dégourdi que prévu... Sauf qu'après avoir fait des découvertes cruciales, il commet la plus aberrante des erreurs, je veux bien que les hommes ne réfléchissent pas toujours avec leur cerveau mais à ce stade et dans le contexte, c'était ridicule.

En tant que thriller à twist, peut-être parce que depuis l'année de publication de Liens de Sang, on en a bouffé, on voit arriver le truc bien à l'avance. Enfin, normalement on fait une première hypothèse en se disant que les personnages devraient bien finir par comprendre quand Kara la formule pour qu'on se rende vite compte que ce n'est pas ça... Donc nouveau twist que cette fois-ci encore on devine bien avant. Cela n'empêche toutefois pas le suspense d'être au rendez-vous: tout ne repose pas sur une révélation. Est-ce que les protagonistes vont comprendre à temps et réussir à contrer la menace? Cette dernière est particulièrement perverse et alors que Mort clinique et La Forteresse noire étaient plutôt softs, elle est ici prétexte à des scènes de sexe particulièrement détaillées et parfois dérangeantes. On entrait après tout dans les années 90, la décennie des thrillers érotiques sulfureux, ça ne devait pas détonner.

Les protagonistes agaçants et au comportement parfois stupides pour rallonger la sauce plombent donc un récit qui par ailleurs et même si l'on grille certains rebondissements, parvient à se montrer haletant, en particulier dans ses dernières pages.