Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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L'Homme qui tua Don Quichotte
Toby, metteur en scène arrogant, se rend compte sur le tournage d'une publicité qu'il est proche de l'endroit où il réalisa son film de fin d'études, librement adapté de l’œuvre de Cervantès. Il découvre alors que le vieux cordonnier qu'il avait engagé pour jouer Don Quichotte a basculé dans la folie et est convaincu d'être réellement le Chevalier à la Triste Figure. Toby se retrouve alors embarqué dans une suite d'aventures rocambolesques.

Il est impossible d'entrer dans une salle de cinéma pour voir L'Homme qui tua Don Quichotte en ignorant totalement le feuilleton hallucinant qui a précédé sa sortie. Dans ces circonstances, on a beau se dire que le film devrait être jugé pour ce qu'il est et non en fonction de ce qui l'entoure, c'est assez difficile de le faire, voire même vain puisque Gilliam lui-même fait allusion à ses galères dans le métrage lui-même. Mais voilà, le moment est arrivé où la question n'était plus "va-t-on voir le film un jour?" mais "et si, finalement, c'était une daube?". On voudrait répondre qu'après tout, ce qui compte est moins le résultat que le fait qu'il existe, ma bonne dame, mais ce serait un peu léger.

Il y a aussi un film qui a bel et bien disparu et que l'on ne verra pas, puisque Gilliam ne s'est pas contenté de modifier son casting (et si c'est triste de ne pas avoir Jean Rochefort, on ne peut pas dire qu'on y perd au change), lui et Tony Grisoni ont pas mal remanié le scénario de base. On pourra donc toujours rêver d'à quoi aurait ressemblé la version avortée, et si elle n'aurait pas donné lieu à un meilleur film que celui qui nous est donné à voir. Reste qu'au bout d'un moment, on a un film et pas un autre et qu'il serait temps d'en parler.

Il faut un moment pour que la sauce prenne, car on assiste tout d'abord à une suite de scènes en apparence décousues et dont l'humour ne fonctionne pas totalement. L'aspect désarçonnant est un parti-pris puisque s'il y a un manque de cohérence dans l'enchaînement de péripéties, au point où l'on ne peut pas perdre de temps à essayer à tout prix d'y trouver un sens (pas la peine de vouloir expliquer comment Raul peut se trouver à tel endroit à tel moment habillé de telle façon, par exemple), le glissement du réel dans le délire est beaucoup moins aléatoire qu'il ne le semble sur le moment et de ce fait, le passage de relais final ne sort pas de nulle part mais tout ce qui a précédé y conduit. Comme Toby, on doute par moment de ce qui est vrai et de ce qui appartient au rêve, si Javier Sanchez est fou, si le monde qui l'entoure commence à se plier à sa folie, s'il y a une explication rationnelle à tout cela et à quel point les dangers que l'on affronte sont réels, moulins à vent comme mari jaloux ou oligarque russe capricieux.

Néanmoins, à cause d'une mise en place tout de même laborieuse, le film ne décolle vraiment que dans son dernier tiers, à l'arrivée au château (visuellement c'est une tuerie, soit dit en passant). Les acteurs ne sont pas en cause, à commencer par Adam Driver qui porte quasiment tout sur ses épaules. Jonathan Pryce est également excellent mais finalement moins présent que l'on aurait pu l'espérer. Les actrices, malheureusement, sont moins bien servies.

La dernière partie du film, en tout cas, sauve largement l'impression d'ensemble et la fin parvient à être réellement émouvante.

Le film est donc heureusement loin d'être raté malgré des imperfections notables, mais il n'est pas non plus l’œuvre la plus solide et aboutie de son auteur. Il ne fallait peut-être pas s'attendre à ce qu'elle le soit, surtout avec un parcours aussi chaotique, mais les personnages du film ne sont pas les seuls à fantasmer, après tout.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 21 Mai 2018, 11:16bouillonnant dans le chaudron "Films".