Katherine "Sweeney" Cassidy intègre l'université des Archanges et de Saint-Jean le Divin, à Washington. Là, elle fait la connaissance d'Oliver et Angelica, deux étudiants de première année comme elle, beaux et assurés, qui appartiennent à une étrange société secrète.

L'article sur L'éveil de la Lune dans Cartographie du merveilleux d'André-François Ruaud m'avait intriguée il y a des années de cela sans que je me soucie de me le procurer pour autant, tout en y repensant de temps en temps. Il faut dire aussi que ce roman d'Elizabeth Hand est épuisé chez nous et en anglais, indisponible en e-book pour les lecteurs établis en France. Heureusement j'ai finalement pu mettre la main sur un exemplaire de la défunte collection Pocket Terreur.

Il y a quelque chose d'envoûtant, dès le début, dans ce campus où règne un ordre secret dont le but est d'empêcher le retour d'une terrifiante déesse, ou plutôt la déesse dont le culte précède les panthéons antiques les plus connus. Sweeney, jeune fille ordinaire, va se trouver bien malgré elle, par association avec Oliver et Angelica, entraînée dans une histoire qui la dépasse et aura des conséquences douloureuses, des années après encore. Malgré la plume d'Elizabeth Hand, j'ai néanmoins eu du mal à embarquer dans cette histoire, peut-être parce que ces campus américains, ces sociétés, ces étudiants qui font la fête et davantage ne correspondent guère à ce que j'ai vécu au même âge (et ce n'est pas un regret).

L'opposition entre un groupe de magiciens qui acceptent occasionnellement des femmes mais restent très patriarcaux et paternalistes et un culte consacré à une entité féminine avide de sacrifices humains, datant d'une époque antérieure et matriarcale, est électrique mais aucune des voies proposées n'est franchement aguichante bien que cela permette d'éviter un tant soit peu le manichéisme. Je dois dire que dans tout ça je me suis surtout retrouvée dans le personnage d'Annie ou même de Sweeney mais la conclusion du roman n'est pas très satisfaisante. On ne sait pas trop ce qu'il faut y voir, d'ailleurs, confirmation d'un statu-quo fort peu féministe ou espoir d'une troisième approche symbolisée par Dylan?

L'éveil de la Lune est un roman déroutant, surtout si l'on s'attend à ce que l'intrigue se déroule pendant la scolarité de Sweeney au "Divin" et porte avant tout sur les découvertes qu'elle y fera. Il n'est pas non plus totalement abouti mais il dégage tout de même un charme particulier.