Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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L'Enfer est à lui
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Cody Jarrett, un gangster psychopathe, est traqué par la police après que son dernier audacieux hold-up ait fait quatre morts. Il décide de se rendre pour un cambriolage qu'il n'a pas commis mais qui lui servira d'alibi et à écoper d'une peine légère. En prison, un flic infiltré gagne sa confiance tandis qu'à l'extérieur, un des membre de sa bande cherche à en prendre le contrôle et séduit sa femme.

Près de vingt ans après L'Ennemi Public où il avait été révélé dans le rôle d'un jeune gangster ambitieux et nerveux, James Cagney a derrière lui une carrière riche. Néanmoins, dans les années 40, souhaitant voler de ses propres ailes et ne plus être lié par contrat à la Warner, il a fondé sa propre compagnie de production. Faute de succès public, c'est ironiquement en retournant auprès du puissant studio qu'il va jouer dans ce qui restera l'un des points forts de sa filmographie. À la base, un scénario qui lui promettait un nouveau rôle de gangster sans originalité particulière, auquel Cagney a suggéré d'adjoindre une mère: Cody Jarrett a ainsi une relation fusionnelle avec sa génitrice, son seul point fixe qui le soutient dans tous ses méfaits. Un aspect qui aurait pu rendre le personnage ridicule mais qui accentue son caractère déséquilibré et le rend encore plus imprévisible et redoutable quand ce soutient lui est retiré.

Autre point remarquable, derrière la caméra, Raoul Walsh ne laisse aucun temps mort: on passe du violent braquage d'un train à une traque, puis à un thriller carcéral où Cody doit affronter des tentatives de meurtres commanditées par un rival tandis qu'un policier qui n'a pas froid aux yeux, Hank Fallon, se fait passer pour un prisonnier afin d'intégrer sa bande lors d'une évasion et de le faire prendre la main dans le sac. Une tension double qui ne faiblit pas dans la dernière partie qui mène à une nouvelle traque et une fin explosive restée dans les annales. Contrairement à un certain nombre de films de gangsters classiques, on ne suit pas un schéma du type "ascension/chute": le gang de Cody est déjà bien rodé et les rôles de ses différents membres bien établis. On sent d'ailleurs qu'il est sur le point de se déliter: la brutalité de leur chef vis-à-vis d'un des leurs gravement blessé dérange ses complices, l'un d'eux, Big Ed, fait les yeux doux à sa jolie épouse qui n'y est pas indifférente. D'entrée, les germes de la chute sont là.

Si Ma Jarrett laisse une impression durable en terrifiante mère prête à tout pour protéger les intérêts de son psychopathe de fiston, le personnage de son épouse, Verna, ne manque pas d'intérêt non plus, infidèle, vénale, prête à tout pour se recaser avec le meilleur parti mais dont on comprend facilement qu'elle puisse, malgré le danger des représailles, lâcher un mari instable et violent qui de toute manière fera toujours passer son encombrante belle-doche en premier. Cody est suffisamment fascinant pour qu'on ait envie de le suivre jusqu'à sa fin méritée mais en face on arrive à nous poser un flic qui n'est pas insipide, les risques qu'il court et ses talents à berner son monde le rendant plus stimulant à regarder qu'un justicier droit dans ses bottes qui n'a pas à jouer la comédie sur ce qu'il est.

Dans le rôle principal, James Cagney est en territoire familier puisque même si sa filmographie est loin de se limiter à cela, elle comporte plusieurs personnages de gangsters mais il gère également à merveille des moments plus délicats comme les crises de démence de son personnage, son besoin de réconfort et sa réaction à l'annonce de la mort de sa mère. Celle-ci est incarnée par Margaret Wycherly, anodine à première vue mais qui se révèle de plus en plus implacable tandis que Virginia Mayo est trouble à souhait en jeune et belle épouse qui doit louvoyer entre des êtres dangereux pour survivre sans leur échapper. Edmond O'Brien est quant à lui sympathique en policier courageux et plein de ressources.

Mené à un rythme d'enfer, alternant poursuites effrénées et huis-clos étouffant, L'Enfer est à lui est de plus porté par des prestations impeccables. Celle de James Cagney annonce d'ailleurs d'autres gangsters survoltés flirtant avec la folie qu'on verra apparaitre quelques années plus tard.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 23 Novembre 2022, 22:26bouillonnant dans le chaudron "Films".