Jimmy Quinn a graissé toutes les pattes qu'il fallait pour s'assurer que son speakeasy devienne un établissement tout à fait l'égal à la fin de la Prohibition. Tout va donc pour le mieux jusqu'à ce que deux personnes surgies de son passé réapparaissent: William Seabrook, l'auteur et explorateur, et Xeno Pool, un truand avec qui il a un compte à régler.

Michael Mayo n'a jusqu'ici pas raconté les aventures de Jimmy Quinn de manière strictement linéaire mais cela n'a jamais été autant le cas que dans ce tome-ci. Après une mise en route en 1933, les trois quarts du roman sont narrés sous forme de flashbacks: les uns commencent en 1929 et reviennent sur l'histoire de Connie tandis que les autres se déroulent en 1931 et montrent comment Jimmy a connu Willie Seabrook et Xeno Pool. Ces deux intrigues sont forcément appelées à se rejoindre puisque l'on sait déjà comment Connie et Jimmy se sont rencontrés dans Jimmy the Stick mais de ce fait, la partie relative à Connie tire un peu en longueur. Une fois que Xeno n'est plus dans le tableau, avait-on besoin des détails de son périple vers le New Jersey et de la famille dans laquelle elle atterrit, puisqu'on en sait déjà ce qu'il faut grâce au premier tome? Probablement pas.

Du côté de Jimmy en revanche, pas de superflu. Il côtoie de nouveau des personnages ayant réellement existé comme William Seabrook, l'occasion d'aborder la passion pour l'occultisme qui a eu la part belle dans l'entre-deux-guerres, avec forcément une petite apparition indirecte d'Alastair Crowley. Tout en affrontant des personnages fictifs, ici Xeno Pool, un jeune gangster qui n'hésite pas à s'attaquer aux convois d'alcool de Dutch Schultz et Meyer Lansky. Il faudra néanmoins attendre de revenir en 1933 pour comprendre où l'on va avec tout cela même si Mayo nous en avait averti dès le début: vers un hommage/pillage à Dashiell Hammett, au Sac de Couffignal en particulier. C'est assumé, le contexte est tout de même suffisamment modifié pour qu'on ne tombe pas non plus dans le plagiat total et on a une détective de l'Agence continentale pour mettre un peu d'ambiance en faisant sérieusement son boulot tout en se méfiant de Jimmy qui de son côté ne peut évidemment pas lui donner autant de renseignements qu'elle voudrait, il faut protéger les copains aussi bien que soi-même et son petit commerce, après tout.

Jimmy's Rules est comme les tomes précédents un bon petit moment de lecture bien que, comme eux, on ne peut s'empêcher de penser qu'il souffre d'une construction un peu trop chaotique pour complètement y adhérer.