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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Il était une fois... la révolution
Juan Miranda, bandit de grand chemin, rencontre après l'attaque d'une diligence Sean Mallory, un Irlandais spécialiste des explosifs venu participer à la révolution menée par Pancho Villa. Juan, lui, a l'intention d'utiliser les talents de son nouveau compagnon pour dévaliser la banque de Mesa Verde.

On parle souvent des seconds volets de trilogie comme des plus aboutis et réussis en prenant généralement le sacro-saint L'Empire contre-attaque comme l'exemple-type du deuxième opus qui développe et complexifie agréablement un univers introduit dans le premier film et qui n'a pas la lourde tâche de conclure une histoire avec le risque de décevoir comme c'est le cas des troisièmes volets. Néanmoins, si l'on prend les deux trilogies de Sergio Leone, celle des Dollars et celle des Il était une fois..., le film du milieu a tendance à être négligé. Il est vrai que parler de trilogie dans ces deux cas est un peu différent de Star Wars puisqu'elles ont été bâties sans vision à long terme et sont qualifiées ainsi pour des raisons thématiques, chaque film étant indépendant avec des personnages différents. D'ailleurs ... la révolution, à en juger son titre italien (Giù la Testa) et ses titres anglophones (Duck, You Sucker! ou A Fistful of Dynamite) n'est pas censé s'inscrire dans quelque ensemble que ce soit.

Il n'empêche que tout comme ... Et pour quelques dollars de plus est souvent injustement ignoré car encadré par une œuvre qui a lancé véritablement le western italien et Leone et une autre absolument mythique, Il était une fois... la Révolution reste aussi dans l'ombre de la confrontation entre Bronson et Fonda et du monumental et longtemps repoussé ultime long-métrage de Sergio Leone. Il faut dire aussi qu'il fait figure de mal-aimé, puisque Leone s'en voyait d'abord le producteur avant qu'on ne lui force la main pour le réaliser en lui imposant de plus Rod Steiger dans le rôle de Juan alors qu'il aurait préféré employer de nouveau Eli Wallach. Comme Arte l'a rediffusé à l'occasion d'un hommage à Ennio Morricone, c'était l'occasion pour moi de voir enfin ce qu'il en était.

On est dans du Leone pur-jus, avec ses personnages moralement très condamnables mais que l'on prend plaisir à suivre (ce qui est une gageure dans le cas de Juan car un des premiers actes qu'on le voit commettre est un viol), ses gros plans (qui ici provoquent carrément le malaise dans la scène de la diligence), ses flash-backs sans paroles, et naturellement Morricone à la baguette, mais le résultat est plus bancal que d'ordinaire. Est-ce parce que Leone fait ici plus office de suiveur que de leader? L'idée d'introduire brusquement une moto dans ce qui ressemblait à l'un de ses westerns habituels n'est pas neuve, on pense à la voiture de La Horde Sauvage, par exemple. Le western Zapata est déjà un sous-genre implanté en Italie et le regard désenchanté d'une révolution vue à travers les yeux d'un bandit mexicain manipulé était déjà puissamment traité dans El Chuncho. Est-ce parce qu'il manque un antagoniste individualisé auquel vont se frotter le duo d'anti-héros? L'officier incarné par Antoine Saint-John a une bonne tête d'assassin mais pas un mot de dialogue et il est caractérisé par sa manière de se laver les dents... Un peu léger pour rivaliser avec Frank et Sentenza bien que ce soit probablement le propos de montrer des protagonistes contre un système déshumanisé plutôt qu'un hors-la-loi qui ne représente que lui-même. De plus, au risque de me faire écharper et ce qui est un comble dans le cadre d'un film diffusé en mémoire du compositeur, si la musique est dans l'ensemble superbe, j'avoue avoir trouvé carrément ridicule les "Sean, Sean, Sean" du thème lors des flash-back. L'expérimentation ne peut toujours réussir.

Heureusement, il n'y a pas que des défauts. James Coburn a une classe atomique et il est plaisant de voir que Leone a enfin pu lui confier un bon rôle alors qu'il n'avait pas pu l'engager, des années plus tôt, faute de budget, pour endosser le poncho qui reviendra à Clint Eastwood. Quant à Rod Steiger, le réalisateur a eu beau le détester, lui reprocher son jeu Actor's Studio et lui faire refaire ses prises 40 fois pour le fatiguer, sa prestation n'a pas tellement à rougir par rapport à celle qu'aurait sans doute proposé Eli Wallach (évidemment, on ne le saura jamais vraiment mais Juan est totalement dans la lignée de Tuco). De là à supposer que l'inimitié et le mépris de Leone pour Steiger venait davantage du fait qu'on le lui a imposé que d'une véritable faute de la part de l'acteur, il n'y a qu'un pas. De plus si le film n'a pas l'inventivité de ses prédécesseurs, le thème cher à Leone de l'amitié virile et contrariée et la fin en forme d'échec annoncée sont toujours traités de belle manière.

Sergio Leone n'est pas aussi à l'aise que dans ses précédents westerns, hésitant entre grande fresque et les aventures picaresques de deux marginaux entraînés dans un conflit qui les dépasse, sans jamais vraiment trouver un équilibre. Cela n'empêche pas Il était une fois... la révolution d'avoir de beaux reste, de ne pas manquer d'émotion et de valoir mieux que la réputation de vilain petit canard de la filmographie de son auteur qui colle encore au film.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 15 Juillet 2020, 14:22bouillonnant dans le chaudron "Films".