Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Il était une fois dans l'Ouest
Jill McBain arrive à Flagstone pour retrouver son nouveau mari et les enfants de ce dernier mais découvre toute la petite famille massacrée. Un bandit de grand chemin, le Cheyenne, est accusé, mais les meurtres sont l’œuvre d'un certain Frank, un tueur au service d'un magnat des chemins de fer. Jill n'est pas la seule nouvelle venue dans la région, puisqu'un étrange personnage qui ne se sépare pas de son harmonica fait également son apparition et s'intéresse de près aux affaires de Frank.

Après Le Bon, la Brute et le Truand, Sergio Leone ne s'imaginait pas rempiler pour un western, mais rêvait toujours des États-Unis puisqu'il commençait à caresser un projet qui deviendra, bien des années après, Il était une fois en Amérique. Seulement voilà, on ne fait pas toujours les choses comme on veut dans l'ordre que l'on veut, et à la toute fin des années 60, il a amorcé ce qui serait considéré comme le premier volet d'une nouvelle "trilogie qui n'était pas destinée à en être une", Il était une fois dans l'Ouest. Avec encore plus de budget, il peut enfin engager Henry Fonda, et s'offre même un petit détour par Monument Valley en plus des habituels décors espagnols.

Même si l'on recroise des archétypes de ses trois précédents westerns (le taiseux qui ne se démonte jamais et manipule tout le monde, le tueur froid, le bandit sympathique) et quelques thèmes (la vengeance ponctuée par un instrument de musique), on franchit encore un palier dans les ambitions. Ce n'est pas seulement lié aux moyens à disposition, mais Leone s'attache bien plus à la peinture d'une nation en construction que dans les précédents (l'arrière-plan historique des deux premiers Dollars était flou, Le Bon, la Brute et le Truand se déroulait à une période précise mais c'était souvent pour agrémenter de péripéties le récit picaresque des aventures des protagonistes).

On assiste aussi à l'arrivée d'un personnage féminin consistant, incarné par rien de moins que Claudia Cardinale, qui n'en était pas à son premier western puisqu'elle avait déjà joué dans Les Professionnels où se trouvait également Woody Strode, qui est ici avec Al Mulloch et Jack Elam un des tueurs qui attendent Bronson dans la scène d'ouverture (qui à en croire Leone auraient pu être joués par le trio Eastwood/Van Cleef/Wallach si le premier n'avait pas décliné, mais personne n'a la même version de cette anecdote, qui est donc peut-être une totale invention du réalisateur). Jill est bien malmenée mais elle n'en est pas moins le centre de l'histoire: la tuer, la convaincre de rester et faire prospérer le projet de gare de son défunt époux, tout tourne finalement autour de ses décisions et elle représente l'avenir là où Cheyenne et Harmonica, par leur mode de vie ou leur motivation, appartiennent déjà au passé et où les grandes ambitions de Frank et Morton tournent court.

Peut-être parce que contrairement aux précédents le tournage a en partie eu lieu aux USA, peut-être parce que malgré les touches d'humour le film est plus sérieux, Il était une fois dans l'Ouest ressemble davantage à une grande fresque classique que ses prédécesseurs, ce qui n'empêche pas de reconnaître le style de Sergio Leone. En fait, il le pousse toujours un peu plus loin, notamment dans la scène d'ouverture où son goût pour étirer le temps atteint les limites du supportable, sans les franchir encore. On a droit à quelques sacrées séquences: ladite scène d'ouverture, l'arrivée de Frank à la ferme des McBain, l'entrée en scène du Cheyenne avec la fusillade que l'on ne fait qu'entendre, et bien sûr, un duel final savamment chorégraphié avec un flash-back inoubliable et le thème d'Ennio Morriconne avec son harmonica lancinant et son envolée lyrique (curieusement, le reste de la BO m'emballe nettement moins). Quant à Henry Fonda, il campe une ordure de compétition, rôle inédit pour lui (certes, dans Fort Apache son personnage était aussi négatif mais il péchait plus par arrogance et obstination que par méchanceté pure).

Est-ce parce qu'on a un peu trop la sensation d'être devant un "grand film" et qu'il n'y a plus vraiment l'impression de voir un cinéaste créer son univers au fur et à mesure, qu'Il était une fois dans l'Ouest n'est pas aussi immédiatement attachant que La Trilogie du Dollar? Possible, mais on n'en reste pas moins marqué par cette galerie de personnages mémorables et de si nombreux plans de toute beauté qu'on peine à les énumérer.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 1 Octobre 2019, 23:35bouillonnant dans le chaudron "Films".