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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Association criminelle
Le lieutenant de police Leonard Diamond se démène pour faire tomber Mr Brown, un puissant chef de gang, mais ses moyens modestes et son isolement rendent ses efforts dérisoires. Jusqu'au jour où Susan Lowell, la maitresse de Brown, après une tentative de suicide, laisse échapper devant Diamond un nom: "Alicia". À partir de cette piste pourtant mince, Diamond va enfin tenir le moyen d'entraîner la chute de Mr Brown.

Réalisé par Joseph H. Lewis vers la fin de l'âge d'or du film noir, Association criminelle est une parfaite illustration de comment s'en sortir avec un budget minuscule quand on a de bonnes idées. Une de ces bonnes idées est de faire appel à John Alton pour la photo: avec le plus souvent une seule source de lumière artificielle, le film baigne dans un clair-obscur permanent (et qui tend plus vers l'obscur que le clair) qui non seulement colle parfaitement au propos mais permet bien souvent de cacher les très modestes décors. Non seulement c'est très joli à regarder, mais du coup à une ou deux scories près, cela ne fait jamais cheap.

Quant à l'histoire, là aussi, noir c'est noir. On a tous les ingrédients d'un film de ce genre, parfois poussés à la limite de la parodie même si on n'a jamais vraiment envie de rire, et ce dès le générique sur fond de musique jazzy (qui donne l'impression d'avoir été réutilisée pour nombre de pastiches alors que le jazz comme bande-son était en fait bien moins courant que l'orchestre symphonique à l'époque). Cornel Wilde campe un officier intègre et qui ne se laisse pas abattre par les menaces d'un homme beaucoup plus puissant que lui, mais son attirance pour la maîtresse de son ennemi rend ses motivations plus troubles, surtout quand il traite sa propre petite-amie strip-teaseuse, Rita, comme la cinquième roue du carrosse. Susan, la maîtresse de Brown (jouée par Jean Wallace, aux faux airs de Grace Kelly et épouse de Cornel Wilde à la ville), n'a rien d'une femme fatale et aimerait échapper à Brown tout en revenant sans cesse vers lui. Richard Conte incarne ce chef de gang charismatique avec une arrogance réjouissante, qui ne rend que plus marquante sa chute finale.

Brown est assisté de trois hommes de main mémorables: Joe McClure (Brian Donlevy) est son second mal-entendant, qui aurait pu prendre la tête de la bande lors de la disparition mystérieuse du précédent big boss, mais qui n'en a pas eu l'audace. Brown, dont la maxime est "First is first and second is nobody", ne se prive pas de le lui rappeler et remuer le couteau dans la plaie tandis que McClure se verrait bien calife à la place du calife. Pour les basses œuvres, Mr Brown fait appel à deux tueurs, Fante et Mingo (Lee Van Cleef et Earl Holliman) qui ont la particularité d'être en couple. Années 50 obligent, ce n'est jamais carrément dit, mais il y a suffisamment d'éléments pour confirmer cette impression. Il arrive que des décennies après, on interprète certaines répliques ou certains gestes d'amitié virile comme davantage mais dans le cas présent, ce n'est pas une vue de l'esprit. Ce qu'il y a d'intéressant, c'est que même si l'on reste dans les contraintes de l'époque quand l'homosexualité est aussi explicite (les personnages sont des criminels, et en tant que criminels et en tant que gays, ça ne peut pas bien se finir pour eux), Fante et Mingo forment un couple bien plus sain et équilibré que ceux de Diamond et Rita ou Brown et Susan (et même l'éventualité d'une romance entre Diamond et Susan n'est pas forcément très optimiste).

L'enquête de Diamond est bien menée même si à partir de la maigre piste dont il dispose, l'on peut trouver sa manière de remonter à la source trop idéale. Néanmoins, on n'y pense pas trop sur le moment d'autant que le film comporte quelques scènes qui restent davantage en tête que les éventuelles facilités, notamment grâce à l'emploi du sonotone de McLure, d'abord dans une scène de torture, puis dans une scène d'exécution, où l'on fera un usage habile du son ou de son absence.

Association criminelle fait partie de ces films où personne ne partait avec l'ambition de créer une grande œuvre qui ferait date mais où finalement tout le monde s'est montré si compétent dans son domaine que tout colle parfaitement, avec suffisamment d'originalité ici et là pour attirer l'attention, ce qui lui a fait gagner avec les années une réputation non usurpée de petit bijou.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 30 Septembre 2019, 16:05bouillonnant dans le chaudron "Films".