Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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I.G.H.
Robert Laing, médecin récemment divorcé, emménage dans un luxueux immeuble de 40 étages, doté de son propre supermarché, d'une école, d'une piscine. Bientôt des tensions pointent entre les différents voisins, parents contre propriétaires d'animaux domestiques, habitants des étages inférieurs contre l'élite des derniers niveaux, et la situation va échapper à tout contrôle.

Les relations de bons voisinages ne sont pas toujours aisées, et si un tumblr comme Chers voisins peut amuser, il est compréhensible que cela puisse inspirer certains auteurs à attaquer un versant beaucoup plus sombre. Si l'on y adjoint le facteur "summum de la modernité qui se révèle beaucoup moins merveilleux que promis" on se retrouve avec le dernier volet de la Trilogie de Béton de J.G. Ballard après Crash! et L'île de béton (trois romans regroupés après-coup pour leur thématique assez semblable mais par ailleurs indépendants).

Contrairement à d'autres œuvres comme Sa Majesté des Mouches ou Le Transperceneige qui tournent autour d'un groupe restreint essayant de conserver des structures hiérarchiques connues, cette version de la Cité radieuse n'est pas, en principe, coupée du monde: l'immeuble est situé à Londres et beaucoup d'habitants sortent pour travailler, même quand chez eux on se livre déjà à une guerre ouverte. Ce qui rend l'histoire encore plus dérangeante, car les personnages ont en principe une échappatoire mais l'idée d'un déménagement hors de la tour est vite balayée les rares fois où elle est balayée. On a donc l'impression que c'est par choix que les personnages se replient sur eux-même bien qu'ils ne semblent pas en avoir conscience.

De même, l'aspect lutte des classes est loin d'être aussi évident qu'on pourrait le penser au premier abord. Si plus on grimpe dans les étages, plus le standing est élevé, les habitants des premiers étages, des pilotes de ligne, des journalistes télévisées ou des critiques littéraires, ne représentent pas vraiment le bas de l'échelle sociale. Ce qui renforce l'idée qu'ils pourraient parfaitement s'établir dans un endroit plus sain. Le personnage de Wilder, d'ailleurs, perd très vite ce qu'il semble établir comme son objectif de base et l'ascension jusqu'aux appartements de l'architecte, Anthony Royal, devient une fin en soi.

Aucune voix de la raison ne se détache du lot. Ainsi, Laing n'est pas vraiment le personnage principal mais plus un point d'entrée dans l'immeuble qu'on perd de vue un bon moment, ce qui rend son évolution parfois un peu brusque. La montée en puissance de la folie collective est assez étrangement menée. Il y a une gradation mais on tombe assez vite dans la violence ouverte et avant la moitié du roman, c'est déjà le chaos. La brièveté du livre fait que la tension ne retombe jamais mais sans vouloir éclairer toutes les zones d'ombre, quelques développements auraient été bienvenus (il n'est pas nécessaire de montrer ce que devienne tous les personnages, évidemment, le fait que certains disparaissent participent au chaos général et le peu qu'on laisse entendre laisse imaginer le pire).

Le roman n'en reste pas moins particulièrement féroce et efficace.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 7 Mars 2016, 14:03bouillonnant dans le chaudron "Littérature".