Une première bataille entre les maisons Nerbosc et Bracken entame la guerre pour de bon. Tandis que Daemon prend Harrenhal sans effort, les alliés d'Aegon se déplacent vers la forteresse. Rhaenyra Targaryen décide de mettre ses enfants à l'abri et tente une ultime et audacieuse approche diplomatique.

"Les guerres, on sait quand ça commence, pas quand ça finit", dit-on (à peu près). House of the Dragon s'ingénie à contredire cette maxime. En partie car je ne sais quand les scénaristes vont choisir de conclure la série: aux morts de certains personnages-phares sans qui le conflit n'aurait pas démarrer? En poussant jusqu'au Printemps lysien? On verra. Cependant, sait-on quand la guerre a-t-elle commencé? Même les personnages s'interrogent, se demandant si elle débute aux revendications contradictoires au trône, à la mort de Lucerys ou plus tôt quand il a éborgné Aemond. En tant que spectateur, on peut aussi s'agacer si l'on pensait que la fin de la première saison marquait le début des hostilités ouvertes et que presque à la moitié de la deuxième, les principaux belligérants traînent encore des pieds ou sont freinés par leur entourage.

Certes, Daemon prend Harrenhal, mais sans avoir besoin d'ouvrir le feu, la forteresse n'a que trop donné en la matière. Certes, on a la première bataille ouverte et meurtrière mais elle est traitée par une jolie ellipse. Choix qui en a fait râler, pourtant judicieux: pas besoin de mettre de grands moyens dans un affrontement n'impliquant aucun personnage important et le plan des cadavres est suffisamment éloquent d'autant que ce qui a précédé montre qu'il s'agit avant tout d'une antique dispute de voisinage qui dégénère, Rhaenyra et Aegon ne sont que des prétextes pour les familles Bracken et Nerbosc d'avoir une raison officielle de s'entretuer. Néanmoins, on peut s'impatienter à voir Rhaenyra, encore une fois, une dernière fois certainement, tenter de discuter. Toutefois, la scène en question, totalement inédite, n'est pas sans intérêt.

Rhaenyra et Alicent se trouvent ainsi en présence l'une de l'autre, l'occasion pour chacune d'exposer sincèrement son point de vue... Et Rhaenyra de comprendre que son ancienne amie a mal interprété les propos de Viserys mourant. Alicent était certaine de son bon droit mais elle entretiendra peut-être désormais des doutes sans pour autant pouvoir ou vouloir changer de cap. Quant à Rhaenyra, son expression étrangement satisfaite suite à la conversation signifie probablement que jusque-là, elle entretenait le doute que son père lui ait dénié son héritage au dernier moment. Voilà au moins de quoi l'assurer qu'elle n'a pas tort de s'obstiner.

Le reste de l'épisode n'est pas en mal de scènes intéressantes bien qu'ils s'agissent encore de briques que l'on pose: Daemon malgré son assurance est hanté par ses décisions, tourment exacerbé par l'ambiance d'Harrenhal. Il y fait une curieuse rencontre aux accents prémonitoires. On soigne à merveille l'atmosphère lugubre du lieu. On continue d'insister sur les bâtards au sang targaryen qui ne devraient pas tarder à jouer des rôles décisifs et l'on voit que chaque côté se plaint de manquer d'hommes et de dragons pour l'instant. Freddie Fox ajoute une nouvelle ligne à sa liste d'interprétations de gommeux de bonne famille puisqu'il incarne Gwayne, le frère d'Alicent. Rhaena, toujours sans dragon pendant que sa soeur a droit à un peu d'action, ronge son frein en jouant les nounous pour les enfants de Rhaenyra tandis qu'on introduit des œufs non-encore éclos (qui sont ici censés être les futurs dragons de Daenerys, ce qui diffère de la piste que l'on a dans le livre mais qu'importe).

On le sait, l'univers du Trône de Fer, c'est beaucoup d'intrigues d’alcôves pour prendre ses personnages dans un engrenage jusqu'à l'explosion, il faut bien avouer qu'elle se fait attendre. Le titre du prochain épisode et un Aegon qui bout d'impatience d'en découvre pourraient enfin offrir une de ces scènes spectaculaires que l'on attend de pied ferme.