Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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House of the Dragon, saison 1 épisode 7: Driftmark
La maisonnée royale se rend à Driftmark pour les funérailles de Laena. Aux circonstances déjà tragiques de cette réunion s'ajoute un nouveau drame qui achève, si besoin était, de briser toute possibilité de réconciliation entre Rhaenyra et Alicent.

Jusqu'ici, les choix d'adaptation faits par Ryan Condal et son équipe m'avaient paru très intelligents ou au minimum justifiés par la nature du texte qui sert de base à la série. Dans cet épisode-ci, néanmoins, le parti-pris adopté dans ses dernières minutes me laisse nettement plus dubitative. Commençons par le commencement et soulignons d'abord ce qu'il y a de positif: en respectant une unité de lieu à Driftmark, on a déjà de beaux décors, la Cornouailles est décidément une région magnifique. Je regrette cependant toujours un peu qu'on ne voit pas plus en détail les merveilles rapportées par Corlys de ses voyages, elles sont là en arrière-plan mais cela mériterait une petite visite guidée à l'occasion. On revoit Vhagar lors d'une scène-pivot qui permet également d'avoir un meilleur aperçu du personnage d'Aemond, jusque-là présenté comme plus pondéré et maussade que son frère mais qui devrait en remontrer à Daemon niveau férocité.

L'univers de Westeros n'a jamais été tendre avec les enfants, que ce soit pour ce qu'ils subissent aussi bien que ce qu'ils peuvent accomplir et on en a une démonstration percutante ici, qui conduit à une scène évoquant un lointain épisode de Game of Thrones dans lequel Robert rechignait à régler un conflit entre Ned et Cersei après que Joffrey ait été blessé par la louve d'Arya. La blessure est ici véritablement sérieuse et entraîne des discussions délicates sur la descendance de l'héritière du trône tandis qu'Alicent et Rhaenyra sont à couteaux tirés, littéralement dans le cas de la première. Toute importante que soit cette séquence, elle illustre un écueil de la série qui ne tient ni à l'écriture, ni à l'interprétation mais à la nature-même de l'affrontement entre les deux femmes et leur clan respectif: chacune agit pour une raison, a des arguments les mettant dans leur bon droit mais aucune n'est vraiment sympathique et cela pourrait, alors qu'on a à peine commencé l'escalade, entraîner une désaffection du public qui n'a pas de personnages vraiment positifs à suivre et pour offrir des éclaircies dans les moments sombres. C'est cependant difficilement évitable.

Plus discutable est la décision d'épargner Laenor qui dans le livre était simplement poignardé à mort par un amant après une dispute. Il feint ici sa mort avec la complicité de Rhaenyra et Daemon pour s'enfuir avec Qarl loin de Westeros et laisser le champ libre à sa femme d'épouser son oncle (normal). Je suppose qu'après avoir tué Joffrey deux épisodes à peine auparavant, les scénaristes ne voulaient pas tuer un autre personnage homosexuel et le faire assassiner par son amant, qui plus est, au risque de se faire accuser d'user et d'abuser du trope "bury your gays", quand bien même à Westeros, on ne s'embarrasse pas de considération comme l'âge, le sexe, l'orientation sexuelle, le statut social ou la couleur de peau pour zigouiller les gens, ce n'est pas un domaine où la discrimination règne. Ce choix, s'il recourt encore une fois aux zones d'ombre permises par un récit rapporté plus d'un siècle après les faits, donc peut être valable de ce point de vue, pose deux problèmes.

Tout d'abord, si l'on peut compatir devant la situation de Laenor, il apparait comme faible et égocentrique en faisant croire à ses parents, déjà éprouvés par la perte de leur fille, qu'il est mort et en fuyant ses responsabilités (et un pauvre gars a quand même dû mourir pour faire fonctionner le stratagème, les grands de ce monde n'ont aucune considération pour la valetaille et on attend qu'on s'attendrisse tout de même). Ensuite, si l'on peut admettre que Rhaenyra ait encore des scrupules à faire vraiment assassiner un mari qu'elle apprécie, il est difficile de croire que Daemon se rende complice d'un plan si risqué, alors qu'il n'aurait aucun scrupule à se débarrasser d'un obstacle pour épouser sa nièce (je ne serais pas surprise si on apprenait qu'il a fait tuer les fuyards à la première escale, mais j'en doute). Le plan est d'autant plus risqué que Rhaenyra souhaite épouser son oncle car elle a compris que ses trois premiers fils seraient toujours soupçonnés d'être des bâtards et qu'elle a besoin d'enfants à la légitimité indiscutable. Or si l'on retrouve son premier mari bien vivant, on montre qu'elle est bigame et les enfants qu'elle aurait avec Daemon seraient également considérés comme bâtards. Les scénaristes ont traité gentiment Laenor qui dans le livre ne s'illustre pas sur le champ de bataille avant de mourir bêtement et qui n'a de fonction que de permettre l'existence des "Strong" et les péripéties autour et pourquoi pas. Ici cette trop grande bienveillance n'a pas grand sens dans le cadre de l'intrigue.

Le scénario retombera peut-être sur ses pattes en bouclant cette sous-intrigue dans le futur ou peut-être est-ce la dernière fois que nous voyons Laenor mais cette décision discutable tempère l'impression positive pour un épisode montrant par ailleurs des événements décisifs pour la suite.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 4 Octobre 2022, 08:51bouillonnant dans le chaudron "Le Trône de Fer".