Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Gangs of New York
À l'aube de la Guerre de Sécession, Amsterdam Vallon revient à New York après seize ans passés en maison de correction. Il désire se venger de Bill "le Boucher" Cutting, chef du gang des Natifs, qui a tué son père lorsque celui-ci était à la tête du gang irlandais des Dead Rabbits. Bill tient désormais le quartier populaire des Five Points sous sa coupe et travaille en cheville avec le politicien William Tweed. Pour approcher son ennemi, Amsterdam décide d'entrer dans ses bonnes grâces.

Gangs of New York était un projet ambitieux et longtemps porté de Martin Scorsese, et comme tous les projets de ce type, il a été confronté à bon nombre de difficultés: repoussé des années faute de budget suffisant, avant de recevoir le coup d'envoi avec un casting différent de celui prévu au départ (De Niro avait été envisagé, c'est finalement Daniel Day-Lewis qui sortit de sa première retraite pour jouer dans le film), et finalement, un montage ramené suite aux exigences d'Harvey Weinstein à 2h50, avec ajout d'une narration.

À l'arrivée le film a été globalement bien reçu, l'interprétation de Daniel Day-Lewis particulièrement saluée, celles de Leonardo Di Caprio et surtout Cameron Diaz beaucoup moins et, connaissant les débats sur le montage, restait l'impression que le film aurait pu livrer beaucoup plus. Il n'y aura cependant jamais de director's cut, Scorsese n'étant pas fan du procédé et insistant que la version sortie en salle est définitive. En y retournant bien des années après, alors que les anecdotes sur les difficultés de tournage a Cinecitta ne font plus les choux gras de la presse (on y racontait notamment que Leonardo Di Caprio s'était fait remonter les bretelles pour ses retards sur le plateau et certains le voyaient déjà blacklisté par tous les grands réalisateurs, à commencer par Scorsese lui-même...), le film a toujours ses défauts mais également d'immenses qualités. L'intrigue à base de vengeance est un prétexte pour emmener le spectateur dans le New-York du XIXe siècle où les quartiers les plus pauvres s'organisent en gang, généralement en fonction des origines des habitants, et on s'intéresse à leurs liens avec la classe politique pour gérer la ville.

On passe ainsi de quartiers où règnent la misère et où tous les malfrats doivent verser leur part à Bill à Tammany Hall, centre du parti démocrate de la ville où William Tweed s'entend avec le chef des Five Points pour garder un semblant d'ordre et diriger les votes à l'occasion des élections. Les rapports réels entre Tammany Hall et chefs de gangs vont d'ailleurs se poursuivre pendant plusieurs dizaine d'années, jusqu'à un petit nettoyage par La Guardia et une évolution des différentes bandes vers les familles mafieuses que l'on connait désormais (nombre de gens sont passés par le gang des Five Points dans leur jeunesse, dont un certain Al Capone). Ce contexte historique auquel on ajoute la conscription dans l'armée nordiste alors que la guerre commence, sujet de récriminations puisqu'elle était évitable en échange de 300$, autant dire que seuls les plus riches y échappaient, est donc passionnant. Les décors sont somptueux et le casting est exceptionnel: tout a été dit sur la performance de Day-Lewis qui n'est pas surestimée, on croise un certain nombre de gueules déjà bien affirmées ou en devenir (John C. Reilly qui allait être dans trois des films nommés à l'Oscar du meilleur d'entre eux cette année-là, dont Gangs of New York, Liam Neeson, Brendan Gleeson, Jim Broadbent délicieux en politicien véreux, Stephen Graham, Eddie Marsan... on est gâté). Di Caprio, qu'on a accusé de se faire rouler dessus par l’interprétation de Day-Lewis, s'en tire en fait avec les honneurs, certes moins fascinant que son collègue mais solide. Une partie des critiques venait sans doute en partie d'une dicapriomania encore fraiche qui donnait envie à certains de le voir connaître une trajectoire d'étoile filante. Même la prestation de Cameron Diaz n'est pas si honteuse bien qu'on ne croit guère à sa romance avec Amsterdam. Elle n'a en tout cas pas réitéré dans le film en costumes.

Peut-être le personnage de Jenny a-t-il souffert des coupes, peut-être pas. On en vient cependant aux défauts: la bataille d'ouverture, qui vient après une préparation réussie, est percluse d'effets "années 2000" qui la rendent décevante malgré une brutalité certaine. La première partie jusqu'à la confrontation entre Amsterdam et Bill dans la pagode est prenante mais la suite peine à se hisser à la même hauteur: peut-être est-ce là que le film a le plus payé son montage raccourci car les scènes s'enchaînent de manière plus rapide, presque décousue et quand viennent les émeutes finales, on se retrouve un peu perdu alors que pourtant il y a eu des séquences pour les préparer. Malgré la débauche de moyens à l'écran, l'explosion de rage et de violence qui dépasse complètement le simple affrontement entre Bill et Amsterdam pour frapper toutes les strates de la société, on reste sur sa faim, avec l'impression qu'il manque quelque chose.

On pourra toujours rêver de ce qu'aurait été le film sans intervention de Weinstein mais il faut faire avec celui qu'on a et bien qu'imparfait et divisé en deux parties inégales, ce dernier propose une plongée éblouissante dans le New-York de la deuxième moitié du XIXe siècle.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 6 Juin 2022, 20:23bouillonnant dans le chaudron "Films".