Lors d'un voyage en camping-car, la famille Matthews s'égare sur une route de campagne et revient sans cesse dans la même petite ville. Les habitants de celle-ci leur expliquent avoir vécu la même chose et qu'il est impossible d'en repartir. Pire, à la nuit tombée, des créatures à forme humaine émergent pour attaquer ceux qui ne se sont pas mis à l'abri ou qui commettent l'imprudence de les inviter à entrer chez eux. Les Matthews s'acclimatent tant bien que mal à leur nouvelle situation tout en essayant de comprendre le fonctionnement des lieux et à chercher un moyen de partir.

C'est un peu par hasard que j'ai découvert l'existence de From dont la saison 1 a été diffusée sur Epix, une chaîne américaine qui produit peu de séries originales mais celles-ci, comme Chapelwaite l'année dernière, sont généralement soignées. On plonge ici en plein mystère avec cette ville sans nom, abandonnée jusqu'à ce que des voyageurs de tous horizons s'y retrouvent coincés et essaient de s'organiser, sous la houlette de leur shériff, Boyd Stevens. Chaque habitant a le choix en arrivant soit de s'installer dans une maison vacante, soit de vivre en communauté à Colony House, une vaste demeure. Beaucoup de questions se posent très vite: comment et pourquoi certaines personnes arrivent-elles là puisqu'elles empruntent toutes la même route fatale alors qu'elles roulaient dans des régions différentes des États-Unis? Comment repartir? Quelle est la nature de cet endroit? D'où vient l’électricité? Quels sont ses monstres qui attaquent chaque nuit?

Ces derniers sont particulièrement réussis et la scène d'ouverture donne le ton: avec leur grand sourire figé, ils sont inquiétants et pourtant arrivent parfois à se faire inviter par des habitants naïfs ou fragiles. Leur démarche lente mais inexorable rappelle les zombies classiques mais leur rythme n'est pas dû à des membres en décomposition mais à la nonchalance de savoir qu'ils arriveront quoi qu'il arrive à leurs fins. Ils ne sont pas utilisés de manière systématique à chaque épisode et ainsi chacune de leurs attaques a un impact, d'autant qu'on ne cache rien de l'état des cadavres après leur passage, fort peu ragoûtant. Le décor de la ville est également un point fort, avec une jolie ambiance lugubre soutenue par une belle BO.

Les différents personnages sont pour l'instant classiques dans leur genre: le shériff pilier de la communauté qui doit faire face à ses propres traumatismes (Harold Perrineau), la famille de quatre (les parents cools, la fille ado maussade, le gamin qui voit des choses) bien lisse mais qui traversait déjà une crise au moment de son arrivée et qui va se trouver obligée de crever l'abcès et se rapprocher dans l'épreuve, le millionnaire startupeur insupportable, le type bizarre qui était là avant tout le monde et doit avoir des réponses mais qui ne les livre que difficilement... Pourtant on s'y attache et même si pour l'instant, les personnages importants à passer de vie à trépas sont peu nombreux, la tension est suffisamment régulière pour que l'on tremble pour eux.

Série à mystères oblige, il y a toujours la crainte de ne pas avoir de réponses ou que ces dernières soient trop bidons pour même se satisfaire d'une parade comme le recours au symbolisme ou le fameux "l'important ce n'est pas la destination mais le voyage". On est encore en phase de découverte et les personnages en font régulièrement, entre deux scènes de flippe, aussi il est trop tôt pour juger de la manière dont les scénaristes vont négocier les grosses révélations qui devront bien arriver un jour ou l'autre. Quoiqu'il en soit, cette première phase est pour l'instant parfaitement menée.

From est la bonne surprise discrète de l'année 2022 et est d'ores et déjà renouvelée pour une saison 2, ce qui n'est pas du luxe vue la manière dont les dernières minutes du dernier épisode laissent les personnages.