Le plan diabolique de Missy est en marche: une armée de Cybermen s'apprête à se déverser sur Terre, d'autant plus redoutable qu'elle est capable de convertir les morts, bien plus nombreux que les vivants. Le Docteur arrivera-t-il à sauver encore une fois le monde? Clara parviendra-t-elle à empêcher la conversion de Danny? Quelles sont les véritables motivations de Missy? Et quels secrets se cachent sous le voile de la mariée?
Je n'apprécie pas spécialement que l'on mette Steven Moffat et son prédécesseur Russell T. Davies en compétition. Chacun ses affinités, évidemment mais je trouve que ce sont deux scénaristes talentueux qui ont leurs défauts et marottes d'écriture et des points forts différents, ce qui a permis à la série de se renouveler, comme c'est sa vocation. Il y a cependant un domaine dans lequel j'ai préféré Davies jusque-là: les conclusions de saison (je ne parle pas des épisodes spéciaux à la
End of Time pour l'un ou
The Time of the Doctor pour l'autre). Ce n'est pas que les
finales de Moffat soient mauvais mais on a souvent eu un empilement de scènes cool qui répondent à des mystères ou en posent d'autres mais où finalement tout rentre dans l'ordre pour de nouvelles aventures. Ce qui j'appréciais chez Davies, c'est que le monde était toujours sauvé, parfois grâce à une astuce un peu facile, mais qu'il y avait toujours un prix à payer et on finissait sur une note très douce-amère. Je pense que si j'ai autant apprécié le double épisode concluant la saison, c'est que passés les moments "petit malin" des premières minutes, j'ai trouvé l'ensemble plus proche de ce que pouvait faire Davies. Il y a beaucoup à dire alors comme souvent, je vais évacuer les quelques points qui ne m'ont un peu gênée:
- le côté "petit malin", justement, de la séquence pré-générique et du générique. C'était amusant mais à mon sens un peu trop décalé pour un final. Personne n'allait vraiment croire que Clara était le Docteur, et même si ça joue avec les critiques concernant l'importance supposée prise par le personnage, ce genre de facéties correspondraient mieux à un épisode indépendant qu'ici.
- je ne suis pas très exigeante avec les effets spéciaux de
Doctor Who, je ne crois pas qu'on puisse apprécier la série en étant difficile sur ce point et depuis 2005 on n'a cessé de s'améliorer pour être parfois impressionnant. Mais j'ai été un peu étonnée du côté cheap pour un final où on sort généralement la grosse artillerie (je pense pas exemple à l'arrivée à la Mary Poppins du Maître, mal incrustée. C'est fun, donc on pardonne volontiers mais ça choque un peu). Peut-être que les spéciaux de l'année passée ont tout englouti.
- ce n'est pas vraiment un défaut, mais un regret de fan de
The Thick of It de n'avoir aucune interaction entre Capaldi et Addison. Peut-être est-ce raisonnable, on a eu une allusion délicieuse à la série la semaine dernière, on a droit à un Seb en admiration devant le Docteur en mode James Bond, pousser les choses d'avantage auraient été un peu excessif dans le fanservice. Je ne pense pas que ce soit un problème pour un spectateur n'ayant pas vu les deux acteurs jouer ensemble auparavant et c'est ce qui compte.
En contrepartie, il y a beaucoup de bonnes choses. Pour commencer, la passivité ou l'amusement des passants à l'arrivée des Cybermen à la fin de
Dark Water me chiffonnaient, je veux bien que les Humains aient la mémoire courte, surtout comparés aux Seigneurs du Temps, mais tout de même! le fait que ce soit en fait des agents de UNIT règle simplement la question. Ensuite, en vrac:
- le retour d'Osgood, très cool et qui porte bien le nœud pap'.
- la sortie de tombes façon zombies des Cybermen.
- Michelle Gomez et le Maître en général qui confirme mes espérances de l'épisode précédent. Je retrouve vraiment tout ce qui m'a plu quand j'ai découvert ce personnage, le fait qu'il soit capable du pire (pauvre Osgood... et pauvres Belges) mais qu'il soit tellement fun à regarder évoluer que je n'arrive jamais à le détester. Et surtout sa relation avec le Docteur, leur profonde amitié d'enfance, le fait que le Docteur est sans cesse partagé entre l'horreur que sa Nemesis lui inspire et l'envie de le sauver, l'ambivalence du Maître à son égard qui le met sans cesse en danger mortel, le fait souffrir, mais veut surtout récupérer son ami d'enfance et le forcer à reconnaître qu'ils sont semblables. Le Maître, autant que les compagnons, est essentiel pour que le Docteur reste le Docteur: les compagnons en lui disant quand il agit mal, le Maître en lui montrant ce qu'il pourrait devenir. Changement de sexe, roulage de pelles, qu'importe, puisque le sel de leurs rapports est toujours là. Je ne pense d'ailleurs pas qu'on en ait fini avec cette incarnation: le laser du Brigadier semble l'atteindre, mais le Docteur a d'abord appuyé sur le bidule et cela ressemblait plus à une téléportation qu'une désintégration (surtout que les armes des Cybermen ne désintégraient pas.)
- le personnage de Danny m'a assez ennuyée cette saison mais finalement tout est amené de façon cohérente et progressive, sa relation avec Clara, la conclusion de son arc, sa décision finale. On peut trouver ça guimauve mais c'était amené bien moins brusquement que dans
Closing times et ça ne m'a pas dérangée, pour moi c'est du "sentimentalisme à la Davies" qui pouvait être lourd à l'époque mais qui m'a un peu manquée depuis 2010. Donc que Moffat s'y laisse aller pour une fois n'est pas pour me déplaire.
-La mort d'Osgood, de Danny et la séparation de Clara et du Docteur contribuent tous à donner ce sentiment doux-amer au final qui me manquait aussi. J'ai apprécié que Clara et le Docteur ne se quittent pas fâchés avec au moins un des deux accusé de tous les torts. J'ai également apprécié de ne pas avoir de séparation de force. Comme avec Martha, on se sépare avec une discussion, mais là où Martha mettait les choses au point avec sincérité, ici les deux personnages mentent sans qu'on sache à quel point ils sont dupes. Leurs relations étaient compliquées et cette séparation particulière illustre cela de belle manière et j'ai particulièrement apprécié le câlin d'adieu et la réplique du Docteur au sujet de ceux-ci.
- Pour conclure sur le final à la Davies (en plus d'un écho à la saison 2 quand Clara/Rose est tirée de son sommeil par Danny/le Docteur qui veut lui dire un dernier mot) on a droit à l'introduction de l'épisode de Noël sous les traits d'un visiteur inattendu dans le Tardis à la dernière minute. Nick Frost en Père Noël, idée de casting de l'année!
Cette saison aura connu sa petite poignée d'épisodes plus faibles (
Kill the Moon et
In the Forest of the Night pour ma part) mais grâce au changement de Docteur, la série retrouve un nouveau souffle (que je trouvais déjà amorcé à partir de
The Snowmen) avec une progression intéressante: on a pris le temps de poser ce Docteur tout au long de la saison, l'arc avançait tranquillement par petites touches sans prendre le pas sur le reste contrairement aux saisons précédentes où c'était un peu trop par à coup. Bref, le bilan est plus que positif.
à 21:34