Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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When Evil Lurks
Pedro vit avec son frère dans une propriété en bordure d'une forêt. Après avoir découvert un cadavre mutilé près de chez eux, ils apprennent que le fils d'une voisine est possédé par un esprit maléfique. Ils essaient d'éloigner l'homme du voisinage mais le mal se répand comme une épidémie, provoquant des morts terrifiantes.

Voilà un film d'horreur qui fait du bien pourrait-on dire avant de se reprendre: pas vraiment, il risque de me hanter un bon moment. Le réalisateur argentin Demián Rugna revisite habilement le thème de la possession. Celle-ci est présentée comme un mal contagieux, connu des autorités qui dépêchent des nettoyeurs, avec un protocole à suivre pour contenir la menace, comme on pourrait le faire d'une épidémie de zombies. Hélas pour les protagonistes, ils habitent dans un coin reculé, loin de la capitale qui ne se sera pas pressée pour envoyer l'aide requise, avec des allusions du riche éleveur local au fait que cela puisse être volontaire par pur intérêt financier. On découvre également peu à peu que le personnage principal, Pedro, a des choses à se reprocher et il entend bien se rattraper en protégeant sa famille de la menace, hélas avec de plus en plus de difficultés.

Le fait d'avoir un propos social explicite, dès les premières minutes, suffirait à classer le film dans ce que l'on appelle l'elevated horror, moyen d'attirer en salle un public qui s'estimerait au-dessus d'un simple film "qui n'aurait pas d'autre prétention que de faire peur" pour paraphraser Desproges. Rugna ne prend cependant pas de gants pour nous plonger dans l'épouvante pure et sans fioriture, avec un recours au gore généreux et un corps possédé qui ferait passer Regan investie par Pazuzu pour un prix de beauté. La première partie est déstabilisante car malgré un thème qui peu paraître rebattu, on ne sait jamais vraiment d'où va venir la menace, où l'on nous mène, à une exception près peut-être où justement, on trépigne en espérant que les personnages vont réagir à temps à une attaque qui ne peut que se produire. La deuxième partie est plus convenue alors que l'on rencontre le personnage de Mirta, bien plus au fait du combat contre les démons que les personnages principaux. Cela nous vaut des explications qui alourdissent le récit et quelques facilités de scénario sur la fin (notamment le manque de réactions à l'absence d'un personnage qui trouve une explication plus tard sans que son entourage ait eu l'air de s'interroger) mais les scènes-chocs ne manquent pas.

Malgré un petit moment de tranquillité très relatif en milieu de métrage, quand la famille quitte le village, la tension ne faiblit jamais. Le réalisateur use peu de jumpscare, préfère dévoiler petit-à-petit l'horrible réalité d'un mal qui contamine tout le monde, de manière parfois aléatoire mais qui répond à un plan plus vaste, sans que cela soit extrêmement détaillé. Il règne sur cette campagne ensoleillée un sentiment de désespoir, lié bien sûr à l’œuvre du démon mais pas seulement: l'histoire personnelle de Pedro n'a rien de réjouissante et il faut d'ailleurs un moment pour comprendre pourquoi, alors que ses réactions face à la situation sont raisonnables, une partie des gens qu'il côtoie s'en méfient. Il y a quelques touches d'humour, avec une grand-mère lente à la comprenette ou une dose de grotesque dans le climax mais il n'est pas là pour réellement détendre. Dans une situation aussi délirante, forcément il y aura des actes ou des images décalées.

Le casting est très solide. J'ignore si les acteurs sont connus en Argentine mais ici, ne pas avoir de visages familiers contribue à entrer dans cette sombre histoire impliquant des gens ordinaires. Ezequiel Rodriguez porte une bonne partie du métrage dans le rôle de Pedro tandis que Demián Solomon est aussi très bien en jeune frère que l'on pourrait croire un peu benêt au départ mais qui est l'un de ses seuls appuis. Question annexe qui n'a guère rapport avec le film lui-même, pourquoi avoir sorti en France le film sous un titre anglais alors que le titre espagnol original sonne très bien traduit dans la langue de Molière? Astuce marketing pour faire croire qu'il s'agit d'un film américain supposé plus attractif?

Malgré une deuxième moitié qui n'est pas tout à fait à la hauteur de la première, When Evil Lurks est quoiqu'il en soit une belle claque qui secoue et dérange, une belle surprise qui change des déclinaisons fades du conjuringverse.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 19 Mai 2024, 20:29bouillonnant dans le chaudron "Films".