Le Docteur et Peri reviennent à Londres, dans un endroit familier au Seigneur du Temps, qui a décidé de régler une fois pour toute un des problèmes de son TARDIS.
Attack of the Cybermen commence plus ou moins là où la saison précédente commençait. Un peu trop d'ailleurs puisque le Docteur répète encore une fois à Peri qu'il est un alien, qu'il n'a pas les mêmes valeurs et que si sa conduite la choque, dommage, il ne changera pas de sitôt. Ce qui ne posait peut-être pas tellement problème à l'époque de la diffusion puisque quelques mois se sont écoulés entre les épisodes, mais donne un peu trop l'impression de vouloir convaincre à toutes forces les spectateurs rétifs. Pas forcément une stratégie payante. La saison inaugure un format inédit: au lieu des 26 épisodes de 25 minutes, voici 13 de 45 minutes. Format qu'on ne reverra qu'en 2005 avec la nouvelle série. Ici, les histoires sont divisées en deux ou trois parties, mais sans fil rouge au long de la saison. Qui commence très honnêtement, avec le retour de Lytton de
Resurrection of the Daleks, un TARDIS au circuit caméléon réparé, ce qui donne lieu à des moments savoureux, et un Docteur tirant sur un Cyber-leader ventripotent. De quoi choquer mais Four a bien abattu un Sontaran, alors pourquoi pas? Reste Peri. En fait, ce qui me gêne surtout, c'est le ton geignard de l'actrice, qui avant même l'arrivée du danger prend une voix plaintive. Elle est capable de désarmer quelqu'un dans cet épisode, ce n'est pas la plus godiche du monde, et les mêmes répliques sur un autre ton l'aurait rendu bien moins insupportable. Quant au Docteur, s'il est toujours aussi peu commode, la fin de l'épisode montre bien qu'il ne se considère pas au-dessus de toute erreur et est capable d'exprimer autre chose que de la suffisance.
Avec
Vengeance on Varos, on a du lourd avec une société totalitaire, des jeux télévisés meurtriers et le Docteur arrivant au milieu de tout cela. Bien que l'humour ne soit pas absent, c'est un épisode assez sombre et même violent malgré les bouts de ficelles. Le gouverneur de l'endroit est plus intéressant que prévu, mais j'ai trouvé Sil assez horripilant, d'autant qu'il m'a rappelé un autre méchant bien répugnant, celui de
The Sun Makers. Au casting, on trouve Jason Connery, le fils de Sean, beau blondinet mais qui n'a pas le charisme de papa, et le futur ser Alliser Thorne. Et on a droit à encore un scientifique défiguré après
The Caves of Androzani. Quant à Six, il trouve le moyen d'ironiser sur le sort de deux gardes tombés dans une cuve d'acide, ce qui est tout de même plutôt rude.
Depuis le retour de la série sur les écrans, chaque fois qu'un nouveau personnage féminin important est introduit, ça spécule sec et tôt ou tard on lance l'hypothèse Rani. Elle reviendra probablement un jour mais en tout cas l'origine est dans cet épisode,
The Mark of the Rani situé au début de la révolution industrielle. L'épisode vaut surtout pour l'alliance chaotique entre la Rani et le Maître. S'ils ont en commun d'être deux Seigneurs du Temps brillants, renégats et peu scrupuleux, l'affrontement entre la mégalomanie et les plans erratiques du Maître et la froideur scientifique de la Rani en font un duo assez savoureux. La Rani n'est en effet pas un Maître en jupon (ce qui n'aurait pas eu grand intérêt à l'époque et encore moins maintenant où il a prouvé qu'il pouvait très bien porter le jupon lui-même), la conquête de l'univers ne l'intéresse pas, son seul problème est que le terme d'éthique scientifique ne lui évoque absolument rien.
Traditionnellement, les épisodes à plusieurs Docteurs sont là pour marquer un anniversaire, mais toute règle a ses exceptions, comme le prouve
The Two Doctors. Comme on retrouve Robert Holmes à l'écriture et Two et Jamie devant la caméra, on ne s'en plaindra pas. Un rab de Two et Jamie on le prend sans pinailler. Tout de même, bien que les scenarii aient rarement été en béton armée, on commence à sentir un certain je-m'en-foutisme: si on a toujours trouvé une explication simple pour justifier une rencontre entre Docteurs n'amenant pas immédiatement une grosse catastrophe temporelle (ingérence des pontes de Gallifrey ou comme dans
Day of the Doctors, un instrument dont la puissance les a même dépassés), la seule explication de Six à Peri sera de l'ordre du "à force de voyager dans le temps, il est normal que je me croise moi-même à l'occasion". Une façon de botter en touche qui prise séparément peut être amusante, mais ces facilités se multiplient à cette période. L'épisode est assez plaisant dans l'ensemble, les Docteurs affrontent un génie de la génétique ressemblant à Karl Lagarfeld et un alien cuistot qui en veut aux cuissots de Jamie. Néanmoins, l'humour est parfois mal dosé, la mort d'un personnage sympathique virant à la comédie (au point où je pensais qu'il n'était que blessé et dramatisait, mais en fait non, cette sortie hilarante était en fait sérieuse) et un Six qui empoisonne un ennemi. D'accord, Four a aussi empoisonné un ennemi dans
The Brain of Morbius même si moins directement, donc encore une fois les actions de Six ne sortent pas de nulle part et ne vont pas vraiment à l'encontre de ce que fait le Docteur mais... J'y reviendrai.
Timelash n'a pas une réputation mirifique et à part un personnage secondaire nommé Herbert (dans une histoire de voyage dans le temps... vous comprenez où ça nous mène) et encore un méchant bien répugnant, il n'y a pas de quoi se relever la nuit. Et c'est la troisième fois en moins de dix épisodes qu'on nous fait le coup du scientifique défiguré, la deuxième fois que cela est dû à des expérimentation qu'il a conduite sur sa propre personne, et la deuxième fois qu'il veut se taper Peri dès le premier coup d’œil (de là à déduire que le personnage est là pour son physique plus que pour sa conversation, il n'y a qu'un pas). Les gars, ça commence un peu à se voir.
Revelation of the Daleks constituent une bonne fin de saison malgré un Docteur qui ne se remuera vraiment que dans le dernier quart d'heure. Davros se fait passer pour un grand guérisseur et des humains atteint de maladie incurable sont placés en stase le temps qu'un remède soit disponible, un DJ étant chargé de garder leur cerveau stimulé. Le hic, c'est que Davros fait muter ses patients en Dalek (idée reprise dans le final de la saison 1 à la différence que là, on a un aperçu du processus, et c'est aussi peu ragoûtant qu'on l'imagine). Les personnages secondaires sont plutôt réussis, notamment Orcini et l'interprète de Jobel reviendra dans
Voyage of the Damned en guide touristique peu fiable et il y a une anecdote amusante sur Alexei Sayle, qui joue le DJ: il s'agit d'un comique qui dans les années 90 avait un show où une série de sketch complètement débiles intitulée
Drunk in time, le voyait, avec un comparse, incarner des voyageurs temporels bourrés. Le comparse était joué par un certain Peter Capaldi.
Dans l'ensemble, je n'ai pas trouvé cette saison mauvaise, mais j'ai été un peu perturbée par l'ambiance.
Doctor Who quelle que soit l'époque, est une série familiale mais cela ne veut pas dire qu'on est chez les Bisounours. Au contraire, on a souvent abordé des sujets graves, tristes et les idées glauques ne sont pas rares. Quant au Docteur, on sait qu'il peut être brutal, on en a régulièrement des preuves et malgré le dégoût des armes à feu qu'il a pu professer, il en a manié à l'occasion. Cette saison, j'ai cependant trouvé que ce genre d'éléments arrivaient à intervalle bien plus régulier, ce qui laisse l'impression que rendre la série plus violente était le seul moyen trouvé pour la redynamiser, ce qui est rarement bon signe. Six ne peut néanmoins être limité à un Docteur qui préfère faire parler la poudre ou tuer ses ennemis à mains nues et Colin Baker a pu montrer que son registre ne se limitait pas à jouer le dédain mais même si les histoires elles-mêmes n'étaient pas déshonorantes (on a vu pire, mais en contrepartie aucun épisode n'émerge pour devenir un classique à voir et revoir), le changement de ton, qui s'anonçait d'ailleurs déjà lors des derniers épisodes de Five, n'est pas très agréable.