Le docteur Thorne, respectable médecin de campagne, élève seul sa nièce Mary. Celle-ci a grandi aux côtés des Gresham, une famille aristocratique mais endettée qui souhaite voir le fils ainé, Frank, épouser une fortune pour les tirer d'affaire.

Pour leur nouvelle collaboration après Downton Abbey, ITV et Julian Fellowes nous invitent à un voyage dans le temps. Pas dans la deuxième moitié du XIXe siècle, période où se situe l'action, non, dans les années 90 ou au tout début des années 2000, car c'est de cette époque que semble dater cette adaptation du roman d'Anthony Trollope. La télévision britannique a fait ses preuves depuis longtemps quand il s'agissait de porter à l'écran ses classiques. Notamment parce qu'ils ont su s'adapter aux exigences des téléspectateurs tout en restant généralement respectueux des œuvres de base. On ne tourne plus en vidéo avec une réalisation statique laissant les acteurs faire le boulot avec de jolis dialogues. La réalisation est devenu plus fluide, plus inventive, la photo plus soignée, et on est même capable de sortir les gros moyens quand c'est nécessaire, comme dans le récent War and Peace sur la BBC.

Or ici, dès l'apparition du titre et du nom des acteurs en lettres jaunes, le sentiment de voir une rediffusion d'une mini-série datant de quinze ou vingt ans apparait et ne se dissipe pas au bout de trois épisodes. La musique est jolie mais assez envahissante, les personnages secondaires parfois assez outrés, ce qui convient généralement aux adaptations de Dickens, moins pour Trollope bien que ses livres fassent la part belle à l'humour et aux comportements parfois ridicules de certains personnages. Tom Hollander est très bien dans le rôle titre et Ian McShane apparait comme une évidence dans celui de sir Roger, et les autres font leur job. La caractérisation de Mr Moffat dans le premier épisode est en revanche complètement ratée, car si le personnage est médiocre, il est ici dépeint comme un gros porcs sans gêne, le parfait repoussoir. Sa scène dans l'épisode 2 est plus conforme à son équivalent dans le livre, mais il est trop tard pour effacer ce mauvais départ.

Résultat des courses, si le spectacle n'est pas désagréable, on a parfois la sensation de se retrouver dans une parodie involontaire de "bonnet drama", quelque chose qui par inadvertance finit par ressembler à ça:

Dommage donc, de voir qu'Anthony Trollope a droit à une adaptation aussi vieillotte et oubliable. Downton Abbey avait des défauts mais une partie de son attrait venait du soin apporté dans sa réalisation. La première scène introduisant les principaux personnages était par exemple remarquable et annonçait d'emblée le meilleur. Difficile du coup de ne pas voir dans ce Doctor Thorne une régression assez inexplicable.