Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Conversation secrète
Harry Caul, spécialiste des filatures et des écoutes, a été chargé d'enregistrer la conversation d'un jeune couple déambulant au milieu de la foule. Cette mission délicate est remplie mais au moment de remettre les enregistrements, Harry commence à nourrir des doutes sur les intentions de son employeur.

Entre deux volets du Parrain, Francis Ford Coppola a momentanément abandonné la grande fresque sur un pan de l'Histoire américaine pour se pencher sur un thriller d'espionnage bien plus intimiste mais qui n'était pas sans résonance avec l'actualité de l'époque, notamment le scandale du Watergate. C'est peut-être pour cela que, en ayant entendu parler depuis des années sans savoir grand chose d'autre que le fait que le héros spécialiste des mises sur écoute tombait sur une découverte qui le dépassait, je m'imaginais que la trame portait sur une sombre affaire d'État susceptible de faire trembler le gouvernement ou tout autre entité puissante sur ses bases et que le personnage principal allait devoir fuir les représentants des autorités, isolé mais seul capable de faire éclater la vérité.

En réalité, les enjeux sont moindres et l'important est finalement l'exploration de la personnalité d'Harry Caul, professionnel ultra-calé dans sa branche, qui suscite l'admiration et la jalousie de ses pairs, mais profondément solitaire. Accomplissant son travail sans état d'âme, on apprendra au détour d'une conversation que ce dernier a déjà eu des conséquences tragiques pour autrui, sans que cela ne l'incite à changer de carrière. Soudain, il se trouve confronté à un dilemme, peine à appliquer une nouvelle fois son principe de ne pas intervenir au-delà de ce qu'exige son contrat et l'espion va être à son tour observé, ce qui ne fera guère de bien à ses nerfs.

Le scénario de Coppola n'est pas exempt de petites maladresses. Ainsi, la scène entre Harry et sa maîtresse parait artificielle: il n'en est visiblement pas à sa première visite et pourtant elle le matraque de questions comme lors d'un premier rendez-vous. Il fallait bien illustrer l'impossibilité du protagoniste à se confier et de fait construire une véritable relation mais le procédé est un peu trop abrupt. La scène du salon et les festivités qui s'ensuivent forment une parenthèse étrange au récit sans pour autant être inutile mais elle tire un peu en longueur. Néanmoins, Coppola réalisateur permet de passer au-dessus de ces menus défauts: la scène d'ouverture est particulièrement virtuose, filmant une foule, attirant l'attention vers de fausses pistes avant de révéler le personnage principal, ses collègues, son objectif. Le travail sur le son est remarquable et l'ambiance est volontiers mélancolique, froide. Elle m'a rappelé La Taupe de Thomas Alfredson avec son personnage espion, gris et binoclard, la bande-son jazzy et des années 70 (contemporaine ici, reconstituée dans l'Alfredson) bien loin de la folie et des couleurs qu'on leur associe souvent.

Gene Hackman porte le film dans un rôle pas si évident de personnage facilement anonyme, sans aspérité et qui ne s'emporte que quand on invoque le nom de Dieu en vain, moralisme étonnant compte-tenu de sa profession à la moralité discutable. John Cazale continuait son trop bref mais brillant parcours d'acteur n'apparaissant que dans des films oscarisés tandis que l'on aperçoit le temps d'une ou quelques scènes des têtes connues, ou plutôt, qui allaient le devenir bientôt, comme Teri Garr ou un surprenant Harrison Ford tellement lisse qu'il en est inquiétant, bien loin des rôles de baroudeurs de l'aventure qui vont faire de lui une star.

Palmé, oscarisé, le film retient finalement moins l'attention comme le thriller paranoïaque que l'on vend parfois que comme le portrait d'un homme solitaire qui se confronte enfin à ses responsabilités, le tout brillamment mis en scène par un réalisateur au meilleur de sa forme.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 16 Décembre 2024, 18:06bouillonnant dans le chaudron "Films".