Quand son père meurt dans un accident d'hélicoptère sans que l'on retrouve son corps, Émilie se retrouve orpheline. Ses amies la convainquent de se rendre sur le mont Bugarach où l'accident a eu lieu, pour y chercher des réponses. Émilie y découvre un portail vers des mondes parallèles. Son père aurait-il atterri dans l'un d'eux?

Le site de Bugarach en Occitanie est une curiosité géologique qui depuis quelques décennies a attiré hippies et chasseurs d'OVNIs. Le délire a culminé en 2012 quand des hurluberlus de tous les coins du monde ont afflué persuadés que l'endroit échapperait à la fin du monde qui n'avait pas été annoncée par le calendrier maya. Douze ans plus tard, France TV en fait un passage vers le multivers. Comme Ouija: un été meurtrier, on sent la volonté de proposer des séries visant un public jeune avec des thèmes surnaturels tout en mettant en valeur nos belles régions. Il n'est pas certain que le programme ait de quoi retenir l'attention.

On commence d'ailleurs avec une scène pré-générique dont le montage et la narration font penser un instant qu'il s'agit d'une pub pour un fournisseur d'énergie comme la plate-forme en diffuse parfois avant que le programme voulu ne commence. Mais non. Les huit épisodes font une vingtaine de minutes, ce qui pourrait être un avantage, le rythme se devant d'être soutenu. Il l'est, trop. Les personnages prennent toutes leurs décisions sur des coups de tête, on n'explore jamais les mondes en question plus de quelques minutes, juste le temps d'apprendre quelque chose ou de découvrir que sur certains points ça semble mieux que chez soi mais en fait non. De plus, les plans aériens des environs de Bugarach vendent bien le site mais dès que les héros se retrouvent en haut du mont, l'arrière-plan devient horriblement factice.

Les dialogues sont souvent d'une grande platitude et on reste à un niveau très superficiel. Par exemple, l'héroïne saute dans des mondes où elle existe mais elle ne croise pas de doubles. On n'a pas non plus un système à la Ma sœur est une sorcière dans lequel quand un personnage changeait de monde, par effet domino ses doubles se retrouvaient à leur tour décalés d'un monde (quelque chose que je crois n'avoir pas vu ailleurs). Donc le double qui existe dans le monde qu'elle investit disparait temporairement? Elle possède son corps et la conscience de l'autre est mise sur off? Mystère et l'on ne sent pas qu'on réserve une réponse pour la suite. On dirait jusque que les scénaristes n'y ont pas pensé ou espéraient qu'on ne se poserait pas la question.

L'interprétation générale ferait presque regretter la période des productions AB. Bon, j'exagère un peu. Je n'ai pas non plus envie d'accabler les jeunes actrices qui interprètent le trio de tête car elles doivent composer avec de mauvais dialogues et une écriture qui force les personnages à prendre des décisions discutables en un temps record. Difficile d'être crédibles avec si peu. Seul Aurélien Recoing dans un second rôle s'en tire à peu près avec les quelques répliques bien senties de la saison.

Malgré toute la bonne volonté du monde et l'envie de voir les chaînes du service public se lancer un peu plus dans le fantastique et la SF (et peut-être un jour, soyons fous, dans la fantasy), difficile de trouver grand chose de folichon dans cette saison maladroite.