Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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La Voix des Anges
Né dans une famille pauvre et nombreuse de Calabre, Guido Maffeo devient dès six ans castrat à Naples. Lorsqu'il perd sa voix, il se tourne vers la composition. Il trouve sa muse tant espérée en Tonio Treschi, héritier d'une grande famille vénitienne dépossédé par un parent sans scrupules qui le fait mutiler pour s'approprier sa place. Tonio va obtenir la gloire sur les planches, sans abandonner ses projets de vengeance.

Si Anne Rice est avant tout connue pour ses Chroniques vampiriques et ses romans implantés à la Nouvelle-Orléans, elle s'est aventurée dans divers genres. La Voix des Anges, roman historique, est l'une de ces incursions. Très documentée, l'intrigue permet de faire vivre l'Italie du début du XVIIIe siècle, de la République de Venise à Naples en passant par Rome, à travers l'histoire de deux castrats destinés à se croiser. Le premier, Guido, a un parcours traditionnel: issu d'une famille pauvre, il approche temporairement une célébrité possible avant de perdre sa voix. Il évite de devenir un total laissé-pour-compte grâce à son talent pour l'enseignement du chant et la composition. Tonio Treschi a droit à une intrigue plus romanesque puisqu'il est le dernier héritier d'une grande famille vénitienne, du moins le croit-il jusqu'à ce qu'un demi-frère, Carlo, surgisse à la mort de leur père, révèle de terribles secrets familiaux, et dispose cruellement de Tonio pour avoir la voie libre.

Anne Rice a fait beaucoup de recherches, son roman fourmille de détails sur le monde de l'opéra de l'époque mais aussi les sorts peu enviables des castrats, très peu devenant des stars adulées et ce tout de même au prix d'une mutilation aux nombreuses conséquences physiques et psychologiques. Bien que la vengeance de Tonio n'ait pas la complexité de celle d'un Edmond Dantès, on l'attend avec impatience. La romancière, entre autres aventures dans différents genres, a aussi fait dans l'érotisme, cela se sent ici et c'est là que le bat blesse. Pas dans les descriptions des scènes qui évitent en général le ridicule dans lequel on peut facilement tomber mais parce qu'elles impliquent parfois de très jeunes adolescents, avec des adultes qui plus est. Époque, milieu, réalisme, tout ça, tout ça, c'est sans doute l'argument opposé à cette remarque, en tout cas mieux vaut être averti.

De plus, comme pour prouver que Tonio, et les castrats en général, avaient des désirs à assouvir au moins pendant quelques années, on lui donne une panoplie de partenaires successifs censés illustrer son cheminement et son acceptation de soi mais qui dans la variété fleure bon le scénario porno: la jeune fille du peuple, la noble d'âge mûr, le castrat ultra-androgyne, le mentor, le cardinal, l'aristocrate au physique un peu brute, et enfin, l'Élue, qui bien que précédemment mariée arrive vierge dans son lit. Les relations hétéro sont d'ailleurs tendres tandis que les homosexuelles arrivent toujours avec une dose de violence en sus, Rice parle même de viol bien que cela serve surtout à illustrer la brutalité des rapports qu'une véritable absence de consentement dans ceux-ci. Bref, sous couvert de relations et de personnages hors-normes, il y a quelque chose de très traditionnel. Enfin, dans la description détaillée des corps des castrats et de leurs ébats, on sent une fascination complaisante qui désamorce la dénonciation des mutilations dont ils ont été victimes et de l'hypocrisie de ce qui était une véritable industrie basée sur la castration de gamins pour qu'une minorité ait une voix enchanteresse.

Si le voyage dans la péninsule italienne où l'on croise les noms de Vivaldi, Scarlatti, Métastase, Cafarelli et Farinelli est entraînant, il s'accompagne de très, très nombreuses scènes de sexe rarement saines et rapidement répétitives susceptibles de décourager les lecteurs les mieux disposés.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 18 Décembre 2024, 11:22bouillonnant dans le chaudron "Littérature".