Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Colorado
Jonathan Corbett, chasseur de primes infaillible, décide de prendre sa retraite pour se lancer en politique. Il accepte néanmoins une dernière mission: arrêter Cuchillo Sanchez, un péon accusé du viol et du meurtre d'une jeune fille. De la routine pour Corbett, ou du moins le croit-il car Cuchillo a plus d'un tour dans son sac... et n'est peut-être pas celui qui devrait être sa proie.

Premier western de Sergio Sollima, le moins prolifique des trois Sergio en la matière , Colorado est probablement son plus réussi, et pour tous ceux qui cherchent à explorer le genre du western italien hors de l'ombre écrasante de Leone et sans les pitreries de Terence Hill et Bud Spencer rediffusées quasiment tous les étés, c'est un incontournable. Tout du moins dans sa version intégrale de 110 minutes, car comme beaucoup de ses semblables, le film a hélas été amputé de 20 minutes à sa sortie en France pour ne pas dépasser 1h30. Et vu le peu de gras que possède le director's cut, on se demande ce qui a pu en rester.

On assiste en tout cas à la confrontation entre deux personnalités opposées: d'un côté le traqueur froid, efficace, mais mal à l'aise dès qu'il n'est pas dans son élément, incarné par un Lee Van Cleef auréolé de son passage chez Leone et très à son affaire dans un rôle taillé pour lui; de l'autre un petit paysan mexicain histrionique qui ne sait pas se servir d'un révolver mais dont la ruse et l'habileté au couteau lui permettent de se tirer de bien des traquenards. Tomas Milian s'impose dans un type de personnage qu'il jouera dans les années suivantes de manière récurrente, celui du dépossédé plus malin que les nantis. On peut cependant trouver son jeu agaçant par moment (bien que l'aspect extraverti et picaresque du bonhomme fasse parti du rôle) tant il garde souvent la bouche ouverte pour bien exprimer le côté rustre de Cuchillo.

La traque est pleine de rebondissements tandis que Cuchillo va faire tourner en bourrique le pauvre Corbett à plus d'une reprise tout en rencontrant une galerie de personnages haute en couleur: des Mormons (séquence qui sous l'humour se révèle bien glauque dans sa chute), une veuve tenant un ranch dont les employés lui sont particulièrement dévoués, un moine autrefois as de la gâchette... Le dernier quart d'heure est particulièrement de haute volée, avec une chasse à l'homme dans les roseaux finissant en règlement de comptes attendu dans un paysage désolé: couteau contre revolver, Cuchillo va affronter le véritable coupable des exactions qu'on lui reproche tandis que Corbett va faire face à un improbable baron autrichien désireux de se confronter à lui. Le tout magnifié par la musique d'un Ennio Morricone très en forme (BO dans laquelle Tarantino aura naturellement pioché), et disons-le, ces dernières minutes n'ont rien à envier au maître Leone.

Ce final est d'autant plus jouissif que si les péripéties rendent le film très amusant à suivre, le scénario touche également une réalité plus sombre: le crime dont on accuse Cuchillo est particulièrement atroce et on évoque la manière dont les plus modestes servent de boucs émissaires aux puissants propriétaires qui étouffent les scandales les touchant de près par intérêt.

Colorado (titre français plat et pour le moins hors sujet, même si c'est censé être le surnom de Corbett, de La Resa dei Conti) est l'une des réussites majeures du western italien, mêlant sans lourdeur aventures et propos politique.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 13 Juillet 2020, 10:12bouillonnant dans le chaudron "Films".