Alors que Londres se remet tant bien que mal du Blitz et voit enfin se profiler la fin de la guerre, un vieil avare est retrouvé assassiné. Son neveu, un soldat canadien, est accusé du meurtre. Pour l'inspecteur MacDonald, le jeune homme est innocent et la clé du mystère réside dans le studio voisin du logement de la victime: le soir du meurtre s'y trouvait un peintre, sa sœur, son modèle et deux joueurs d'échec. Pourtant, personne n'a pu quitter la pièce sans que les autres ne l'ignorent.

Bien que la Seconde Guerre Mondiale serve de cadre à bon nombre de romans, y compris comme celui-ci des romans policiers, il y a quelque chose qui distingue ceux écrits par E.C.R. Lorac: ils sont contemporains de l'action et ils ne sentent donc pas seulement le vécu mais ce qui se vivait au moment-même de la rédaction. Alors que Fell Murder se déroulait dans le Lancashire et qu'en dehors de quelques mentions du conflit et de ses conséquences la vie suivait son cours à peu près normalement, ici l'action se déroule à Londres. Le gros des bombardements est passé mais les habitants en sont encore marqués, le couvre-feu est toujours en place et un tir de pistolet dans le quartier passe presque inaperçu après des années à entendre des détonations autrement plus costaudes.

C'est donc dans ce contexte qu'E.C.R. Lorac propose un whodunit fort bien construit. Le principal suspect, on s'en doute vite, n'a pas fait le coup, celui que l'on vient vite à soupçonner à sa place et dont on aimerait qu'il soit le coupable ne l'a pas fait non plus... Tout tourne donc autour de l'assemblée de cinq personnes que l'on découvre dans les premières pages et comme souvent, pour découvrir qui est l'assassin, on doit d'abord comprendre comment il pourrait l'être or il semble impossible de sortir de la pièce sans qu'une absence soit remarquée. On retrouve l'inspecteur MacDonald sur cette enquête et je dois dire que si l'enquêteur n'est pas particulièrement caractérisé (il est écossais et... c'est à peu près tout ce qu'on peut en dire), il fait un guide assez agréable. La solution n'est pas trop évidente et se tient.

Checkmate to Murder est donc un whodunit bien ficelé et il faut attendre ses dernières pages pour voir le mystère se dénouer. De plus, l'époque de son écriture, qui transparait dans les pages, contribue à ajouter une atmosphère particulière.