En 1943 en Floride, Joe Coughlin est officiellement retiré des affaires mais sert de conseiller à son vieil ami Dion Bartolo pour le compte de la Commission. Lorsqu'il apprend qu'on a chargé un tueur de l'éliminer, Joe doit démasquer qui est son véritable ennemi.

Avec ce tome s'achève la trilogie que Dennis Lehanne a consacré à la famille Coughlin et comme l'opus précédent, il se concentre sur le plus jeune de la fratrie, Joe. Le contexte historique, encore une fois, est travaillé mais davantage en arrière-plan: l'intrigue se situe pendant la Seconde Guerre Mondiale, Charlie Luciano est sous les verrous mais ses complices, dont Joe, caressent l'espoir de le faire sortir pour participer à sa manière à l'effort de guerre.

On reste néanmoins dans une pure histoire de gangsters, contrairement au premier tome dont les personnages servaient surtout à peindre une grande fresque sur le Boston de la fin de la Grande Guerre. Les ambitions peuvent être plus modestes mais le roman n'en reste pas moins réussi. La menace qui plane sur Joe amène la tension nécessaire: qui lui en veut au point de vouloir le tuer, alors que ses ennemis sont morts depuis des années, qu'il fait gagner de l'argent à tout le monde et qu'il n'est plus officiellement à la tête des différents trafics? Cherche-t-on à le rendre paranoïaque?

Lehane a su créer un personnage intéressant, attaché à son fils et dont les œuvres de charité ne sont pas seulement là pour lui acheter une bonne image publique mais dont on rappelle régulièrement qu'il est également un vrai gangster dont les bonnes actions ne peuvent effacer les crimes, qui s'avère implacable quand on menace son rejeton mais qui n'hésite pas à rendre un garçon du même âge orphelin quand il se sent en danger, sans montrer de gros remords quand il s'avère dans l'erreur. Les happy-ends sont rares pour ce type de personnages et l'on sent vite que la fin est proche. On pourra reprocher le symbolisme un peu lourd des apparitions d'un gamin fantôme mais qu'importe, les dernières pages sont pleines de suspense alors que Joe commence à comprendre qui tire les ficelles et doit plaider sa cause auprès des grands pontes de la Commission (on a droit à une petite apparition de Meyer Lansky du coup).

Moins fouillé que les deux précédents tomes, Ce Monde disparu est une conclusion tout de même fort efficace à la saga Coughlin, resserrant l'action sur une période de temps plus courte pour un résultat haletant.