Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Carrie
Carrie White est depuis son plus jeune âge la souffre-douleur de ses camarades et vit dans la terreur de sa mère fanatique. Après une nouvelle humiliation, elle se découvre des capacités en télékinésie. Lorsque Tommy Ross, le petit-ami d'une camarade de classe repentante, l'invite au bal de fin d'année, elle accepte malgré sa méfiance. Quand Carrie est victime de la mauvaise farce de trop, elle va déchaîner ses pouvoirs.

Revenons un peu aux sources: Carrie, premier roman publié (mais non le premier écrit) de Stephen King, alors qu'il était un modeste professeur d'anglais qui casait bon an mal an des nouvelles dans des magasines. On connait la suite: best-seller bientôt suivi d'autres succès dans le même genre qui ont consacré leur auteur maître de l'horreur dans le dernier quart du XXe siècle. Un demi-siècle après, tout le monde connait l'intrigue de Carrie dans les grandes lignes, soit par le roman, soit par les adaptations (celle de De Palma, généralement), soit indirectement: Carrie, victime de harcèlement pendant toute sa scolarité, pète un câble après avoir été publiquement humiliée une fois de trop et utilise ses pouvoirs télékinétiques pour se venger de ses tortionnaires.

On trouve déjà la patte King: la petite ville du Maine vouée à être détruite qui annonce les dévastations dans Ça, Bazaar ou Les Tommyknockers ou le récit interrompu par les pensées frénétiques des personnages. Il se montre nettement plus synthétique que dans ces romans à venir. Le roman est court et l'intrigue principale, simple, ne se perd pas en à-côté: Carrie progresse très vite dans la maîtrise de ses pouvoirs, du moins en télékinésie car on s'en souvient moins, elle est aussi télépathe même si cette capacité est moins apprivoisée. Les personnages peuvent paraître caricaturaux (la victime, la mère bigote, la peste perverse, la populaire pas si méchante, le gentil beau gosse, le voyou...) mais King parvient d'injecter en peu de pages une dose de complexité à certains, à commencer par Carrie, pitoyable avant de devenir terrifiante mais qui est partagée entre son éducation et une envie de rébellion qui consiste paradoxalement à vouloir s'intégrer à la masse. Il est dommage que l'on passe vite sur sa prise d'assurance alors qu'elle développe son pouvoir. Sue est aussi intéressante, à la fois suiveuse dans les brimades, tentant de réparer son erreur et réticente à cerner ses propres motivations (besoin d'expier sincère ou pour avoir une meilleure opinion d'elle-même?).

Pour faire durer le suspense au sein d'une histoire simple, King insère des extraits d'interviews, de rapports d'enquête, d'études et de mémoires sur "l'affaire Carrie", postérieurs à l'action, qui permettent à la fois d'annoncer et de faire craindre la tragédie inévitable et de voir ce qu'on en a retenu, la pauvre Carrie et Tommy Ross en prenant pour leur garde dans la postérité (comment imaginer sérieusement, cependant, que Ross ait pu être complice et se placer délibérément sous un des seaux remplis de sang?).

D'une concision que King aura tendance à perdre par la suite, Carrie n'est pas un de ses sommets et ne fait finalement pas vraiment peur mais possède déjà les qualités qui confirmeront le succès de l'auteur dans les décennies à venir.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 4 Août 2024, 14:26bouillonnant dans le chaudron "Littérature".