Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Candyman
À Chicago, Helen, doctorante rédigeant une thèse sur les légendes urbaines, est intriguée par les récits qu'elle entend sur Candyman, croquemitaine au crochet que l'on invoque en prononçant cinq fois son nom devant un miroir et qui sévirait dans la cité défavorisée de Cabrini Green. Se rendant sur place pour recueillir des témoignages, Helen commence à soupçonner Candyman de n'être qu'une invention pour cacher les méfaits d'un meurtrier ordinaire mais après l'avoir elle-même invoqué par défit et alors que les morts sanglantes s'accumulent, elle va devoir revoir sa théorie.

Libre adaptation d'une nouvelle de Clive Barker qui se déroulait à Liverpool, le film de Bernard Rose a donné lieu à une petite franchise qui, si elle n'a pas égalé Halloween ou Vendredi 13 en terme de nombres de volets, a tout de même suffisamment marquée les esprits pour avoir eu droit récemment à une suite produite par Jordan Peele et aujourd'hui encore, prononcer le nom de Candyman reste un de ces défis auxquels on réfléchit à deux fois avant de le relever même quand on sait que bien sûr, ce n'est qu'une histoire. Mine de rien, cela fait trente ans que le premier opus est sorti et comment a-t-il vieilli?

L'ambiance est particulièrement travaillée et ce dès le générique d'ouverture survolant la banlieue de Chicago. De la musique de Philip Glass, en particulier son entêtant thème au piano It was always you, Helen, au quartier de Cabrini-Green en déliquescence en passant par le décor de l'antre de Candyman, tout est extrêmement soigné, plongeant dans un contexte tout d'abord réaliste, déprimant et violent avant que l'horreur quotidienne ne vire petit à petit à un cauchemar plus fantasmagorique. C'est un peu là d'ailleurs que le bât blesse, car la première partie, sous forme d'investigation d'Helen à Cabrini Green, est passionnante tout en prenant son temps pour poser son atmosphère, mais à partir de la première véritable apparition de Candyman, le film se montre moins maitrisé.

En effet, la première scène où le tueur apparait est décevante malgré la carrure de Tony Todd et certaines de ses arrivées suivantes prêtent même carrément à sourire alors que jusque-là, la suggestion et la peur que son nom suffisaient à susciter provoquait une angoisse supérieure aux meurtres sanguinolents qui ne la remplacent pas avantageusement. Reste une héroïne que l'on veut voir s'en sortir malgré l'étau qui se resserre, accusée des assassinats et traquée par Candyman qui a ses propres projets pour elle tandis que la vie d'un bébé reste en suspens, cela tient en haleine jusqu'au bout même si le plaisir procuré par la première moitié du film s'est un peu dissipé.

Candyman ne manque pas de bonnes idées comme celle des appartements communiquant, le choix de Cabrini Green comme lieu d'action permet d'aborder le sujet des quartiers défavorisés peuplés par une population afro-américaine complètement abandonnée et on effleure une certaine ambiguïté: le "It was always you, Helen" suggère plusieurs interprétations et l'attitude des habitants à la fin envers Helen peut également s'interpréter différemment. Il y a également une réflexion intéressante sur les légendes urbaines, comment elles se créent, à travers le parcours d'Helen. À côté de cela, le fonctionnement de Candyman, au-delà de son invocation, n'est pas tout à fait clair: invisible sur les bandes-vidéo et capable de traverser les murs mais que l'on peut brûler et poignarder selon les besoins, et sa présence très concrète finit d'ailleurs par rendre impossible une autre piste que son existence pure et simple.

Candyman a su imposer une figure mémorable de l'horreur dans un cadre qui change un peu des banlieues pavillonnaires que l'on croise souvent dans les slashers mais l'on peut regretter que tout le film ne soit pas à la hauteur de sa prenante première moitié.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 6 Février 2022, 12:43bouillonnant dans le chaudron "Films".