Les passagers et l'équipage d'un vol de nuit pour Boston se volatilisent, ne laissant qu'une douzaine de survivants dans un monde mort, alors que les terribles Langoliers approchent. Mort Rayne, un écrivain à succès, reçoit la visite d'un homme qui l'accuse d'avoir plagié une de ses nouvelles et se montre de plus en plus menaçant. Deux histoires terrifiantes à suspense, car dans les minutes qui suivent minuit, tout peut arriver.

Four Past Midnight est un des gros pavé de Stephen King qui ne consiste pas en un roman mais en quatre novellas, ce format anglo-saxon pour qualifier des histoires trop longues pour être des nouvelles mais trop courtes pour être des romans. De mon point de vue, quand on dépasse les 200 pages comme c'est le cas ici, on est bien dans le roman et je ne pense pas que Carrie en soit un plus long, mais passons, on est dans du chipotage éditorial. En France, le volume a été scindé en deux, Minuit 2 et Minuit 4. Minuit 2 comporte deux récits qui ont été adaptés à l'écran, Les Langoliers par la chaîne ABC en un téléfilm en deux parties dont je ne connais que l'image qui se retrouvait imprimée sur les programmes télés, c'est à dire celle qui essayait de vendre un effet spécial très moche. L'autre, Vue imprenable sur jardin secret, a été porté sur grand écran en 2004 par David Koepp sous le titre plus sobre de Fenêtre secrète.

Les Langoliers a tout d'un épisode de La Quatrième Dimension ou de Doctor Who: un petit groupe de personnages se retrouve piégé dans une situation improbable que l'on explique avec quelques concepts de SF un peu fumeux, un danger les menace et ils tentent de revenir au bercail mais il y aura aussi un danger interne à la petite communauté. Malheureusement, au-delà du concept et du suspense qui n'a pas le temps de s'éventer sur les quelques 300 pages que compte l'intrigue, on doit se fader des personnages stéréotypés à mort, parfois même ridicules (Nick, l'agent spécial, finalement plus improbable que le psychopathe de service) et des dialogues lourdingues. Les hommes s'expriment de manière particulièrement paternalistes vis-à-vis des femmes, certes l'écriture date de son époque mais on aurait pu avoir un peu plus de variété. On a aussi un personnage qui ne sert absolument à rien à part quelques lignes comiques (quitte à en faire un gag, on aurait pu le garder pour la toute fin). Dommage car cela se suit sans ennui.

Vue imprenable sur jardin secret tient davantage du thriller psychologique et semble synthétiser deux romans de King sur les affres de la condition d'écrivain: un auteur persécuté par un déséquilibré, comme dans Misery, et le double maléfique comme dans La Part des Ténèbres. Les clés sont finalement données assez tôt même si dans les dernières pages Stephen King préfère ajouter une ambiguïté: folie, élément extérieur surnaturel, ou mauvaise conscience tellement perceptible qu'elle devient symboliquement visible à autrui?

Pas un grand cru de l'auteur qui a fait ceci dit bien pire, mais malgré les défauts, surtout du premier, deux récits au sens du suspense bien marqué.