Buffy tente de refaire sa vie comme serveuse à Los Angeles mais doit se résoudre à reprendre son rôle de Tueuse et revenir à Sunnydale. Sa présence n'est pas du luxe alors que le maire Wilkins prépare son Ascension et que l'arrivée d'une nouvelle Tueuse, Faith, va causer quelques complications.

La fin de la saison 2 avait laissé son héroïne bien éprouvée, obligée qu'elle avait été de tuer son cher Angel, au moment-même où il récupérait son âme. Fort logiquement, la saison suivante ne démarre pas dans l'ambiance la plus détendue qui soit mais le premier épisode, fort réussi, remettra au moins Buffy sur le chemin de Sunnydale. Les 21 épisodes suivants offrent un programme particulièrement riche: Angel revient à nouveau gentil et niais (il fait du taï-chi torse-nu et lit Sartre mais rien à faire, je ne le trouve toujours pas sexy bien que le tempo comique de Boreanaz soit très bien dans les quelques scènes qui en demandent) mais faire accepter sa résurrection au gang ne sera pas gagné et Buffy devra également se résigner à ce que toute relation à long terme avec lui soit condamnée. Spike pointe son nez le temps d'un petit épisode et la saison voit l'arrivée remarquée d'Anya mais le gros morceau concerne tout ce qui a trait à l'arc du maire annoncé déjà dans la saison précédente par quelques réflexions de Snyder.

Le maire Wilkins se révèle un excellent méchant, dont l'air affable en décalage avec ses plans démoniaques donnent de jolis moments d'humour noir. Il n'a pas de mal à se poser comme une menace n'ayant pas à rougir face au Maître ou Angelus, au contraire, il apporte un véritable couronnement à la partie de la série consacrée aux années lycées des héros. De plus, on lui injecte une petit dose d'humanité ou en tout cas de sentiments en montrant son attitude paternelle envers Faith. Cette dernière est un autre nouveau personnage mémorable: contrairement à Kendra qu'elle remplace, la jeune fille n'a pas une attitude ultra-professionnelle en comparaison d'une Buffy plus décontractée. Elle est davantage le pendant négatif de celle-ci, accentuant le côté rebelle de l'héroïne pour montrer quelle direction Buffy pourrait prendre si elle n'était pas aussi bien entourée et capable d'écouter ledit entourage en règle générale, sans pour autant perdre son libre-arbitre. Néanmoins, le tournant que prend Faith est bien amené, tandis que l'on découvre plus en détail le Conseil, qui n'a rien de bien sympathique. Et si Faith est le pendant négatif de Buffy, dans une moindre mesure Wesley est celui de Giles, plus autoritaire mais également moins expérimenté et courageux. Il faut mentionner en passant Mr Trick, un vampire assez efficace et amusant en méchant secondaire dans la première partie de la saison.

Comme d'habitude, celle-ci se compose d'épisodes primordiaux dans l'intrigue principale et d'autres plus indépendants mais pas forcément moins dignes d'intérêt. Band Candy est un épisode humoristique réussi tandis que The Prom est particulièrement touchant, pas tant parce qu'il marque la rupture entre Buffy et Angel mais parce que l'on découvre à son issue que les camarades de classe de Buffy, loin de l'amnésie dont Sunnydale semble parfois être frappée d'une histoire à l'autre, ont pris bonne note des efforts qu'elle faisait pour les protéger et lui témoignent leur reconnaissance.

Il y a quelques bémols, comme la brève romance entre Xander et Willow, prétexte à faire rompre le premier avec Cordelia et à faire définitivement une croix sur un couple formé par les deux meilleurs amis de Buffy: Willow peut ainsi arrêter de rester coincé sur un amour d'enfance (bien que sa relation avec Oz donnait l'impression qu'elle avait déjà passé ce cap), Xander a enfin pu réaliser que son amie était autre chose qu'un dico sur patte mais que ce n'était pas pour autant que cela pouvait coller entre eux. Bref, c'est fait et c'est le seul bénéfice de l'opération, pourrait-on dire. Sinon, je critique peu les effets spéciaux parce que je suis consciente de l'époque et des contraintes budgétaires (et qu'après avoir vu la série classique de Doctor Who, il y a une certaine indulgence envers les monstres en toc qui se forme mais l'apparence finale de Wilkins en images de synthèse n'est vraiment, vraiment pas terrible. Elle m'empêche pourtant pas le final d'être réussi et de préfigurer un peu la Bataille de Poudlard, en un sens.

C'est d'ailleurs un autre point important de la saison: Buffy va terminer le lycée et doit donc se préparer à l'après. La série aurait pu s'arrêter là, avec l'obtention de son diplôme et la destruction d'un démon de grande envergure tandis que des personnages présents depuis les débuts, Angel et Cordelia, vont voguer vers d'autres cieux ou plutôt un spin-off. On n'en restera évidemment pas là mais l'on sent tout de même que cette saison 3 marque la fin d'une époque dans l'histoire de la série comme dans la vie de ses personnages, ce qui lui donne un parfum doux-amer très particulier.