Philip Marlowe fait la connaissance de Moose Malloy, un colosse libéré récemment de prison qui sème la désolation dans une boite de nuit en y cherchant Velma, son ancienne compagne. Marlowe s'intéresse de près à son cas mais est également chargé d'escorter un homme afin de l'aider à racheter un précieux collier volé à une de ses amies.

Deuxième roman consacré à Philip Marlowe, le fameux détective privé de Los Angeles créé par Raymond Chandler, cette fois-ci lancé dans une aventure presque par hasard, intrigué par l'allure hors du commun d'un homme croisé dans la rue. Une aventure qui comme Le Grand Sommeil parait partir dans tous les sens pour finalement s'éclaircir. Bien davantage que le livre précédent, d'ailleurs. Chaque roman est en fait une réécriture de deux ou trois nouvelles précédemment publiées, ce qui peut expliquer les sous-intrigues qui n'ont rien à voir entre elles au premier abord mais que l'auteur s'arrange pour relier.

Après un départ sur les chapeaux de roues durant lequel Marlowe suit un Malloy bien énervé (jusqu'au meurtre) et qui au passage rassemble une compilation de termes péjoratifs et racistes désignant les Noirs, l'intrigue se complexifie tandis que le détective, chargé de retrouver Malloy, suppose que pour le rejoindre il faut suivre la piste de Velma, officiellement morte mais ce serait trop simple. S'ajoute au tableau le meurtre d'un client sur fond de vol de collier et une histoire de drogue et de corruption dans la petite localité de Bay City (imaginaire mais apparemment inspirée de Santa Monica) et le programme est lourd.

Le bagout et la tchatche de Marlowe permettent de s'amuser alors qu'on s'attache à ses pas sans forcément savoir où il va, bien qu'il soit difficile de comprendre pourquoi il éprouve de la sympathie pour Moose Malloy, certes amoureux transi au look clownesque mais qui est surtout une grosse brute qui défonce tout sur son passage, y compris des gens. Il est haut-en-couleurs, comme la plupart des personnages que croise le héros, comme Mrs Grayle, un médium bidon ou toute une galerie de flics, de celui qui essaie de faire son boulot aux ripoux en passant par celui qui a juste totalement lâché l'affaire.

Marlowe est devenu un tel archétype du privé fripé mais désireux de résoudre les affaires auxquelles il est mêlé que l'on pourrait craindre un récit trop balisé ou prévisible mais il n'en est rien, Chandler concocte habilement son intrigue sans que l'on discerne où elle va, pour trouver la fin tombant sous le sens, mais seulement une fois révélée.