Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Intrigués par la résignation de leur dernière cible, deux tueurs à gages, Charlie et Lee, décident de découvrir son histoire, persuadés qu'elle les conduira à un important magot.

Dix-huit ans après Les Tueurs, la nouvelle d'Ernest Hemingway connait une deuxième adaptation, cette fois-ci avec Don Siegel derrière la caméra. Deuxième adaptation? Il serait plus exact ici de parler de remake du film de Siodmak puisqu'on en suit le même canevas une fois qu'on passe le cap de la première scène, seule basée sur le texte de l'écrivain. Nous ne sommes plus dans les années 40, l'âge d'or d'Hollywood est passé et celui du film noir avec et cette mouture, à l'origine destinée à la télévision, a finalement eu droit à une sortie sur grand écran car sa violence a été jugée trop grande pour la petite lucarne, ce qui peut laisser perplexe les spectateurs actuels.

Remake donc mais qui prend d'entrée de jeu des libertés avec le précédent film: on ne commence plus dans un diner mais dans une école pour aveugles, ce qui sera bien pratique pour les tueurs qui exécuteront leur contrat sans courir le risque d'être reconnus par des témoins. Cela permet également de mettre en place un esprit nettement plus mal élevé, les deux tueurs n'ayant aucun scrupule à bousculer des handicapés, le plus jeune y prenant même un plaisir certain. Plus tard, la boxe sera remplacée par la course automobile mais le changement le plus intéressant réside dans la place accordé aux tueurs du titre original: ce sont eux, cette fois-ci, qui mènent l'investigation. Exit donc l'agent d'assurance qui permettait de lier le récit mais semblait presque une coquille vide. Ici, on assume de suivre les méchants plutôt qu'un personnage transparent servant juste de guide au public.

C'est le point fort de cette version, d'autant que les deux flingueurs sont incarnés par Lee Marvin (dans le rôle de Charlie, le vieux qui voit l'occasion de prendre une retraite dorée) et Clu Gulager (Lee, le jeune qui s'amuse bien à dézinguer les bibelots des gens qu'il interroge pour leur faire comprendre qu'il ne ferait pas plus de manière avec eux). Ce binôme dépareillé en âge et en personnalité fonctionne à merveille et leurs scènes sont particulièrement jouissives. C'est peut-être là l'inconvénient, du coup, contrairement au film de Robert Siodmak, les flash-backs sont moins passionnants en comparaison et les scènes en automobile, avec les paysages projetés derrière les acteurs, ont mal vieilli, contrairement au reste.

Les acteurs ne sont pas du reste en cause: Angie Dickinson (qui allait retrouver Lee Marvin deux ans plus tard dans Le Point de non-retour et l'y malmènerait à son tour) et John Cassavetes ne dégagent peut-être pas l'aura glamour de Burt Lancaster et Ava Garnder mais ils sont bons respectivement en femme vénale et en pigeon malheureux, et Claude Akins se révèle même touchant en vieux copain. On retiendra surtout la présence de Ronald Reagan dans son dernier rôle avant de se consacrer pleinement à sa carrière politique: un unique rôle de crapule, qu'il regrettait d'avoir à tenir (par crainte qu'il n'écorne une image dont il comptait se servir pour attirer les électeurs?) mais qu'il interprète pourtant de manière fort convaincante.

Du fait de son origine téléfilmesque peut-être, ou de l'abandon de l'élégant noir et blanc, la version de Siegel est moins esthétique que celle de Siodmak, mais comporte son lot d'idées et de passages mémorables (le reflet de Charlie dans les lunettes de Lee, la chute finale de Charlie mourant - en fait un Lee Marvin complètement imbibé...). C'est en tout cas un exemple de bon remake qui reprend la trame de base mais sait prendre ses distances pour la plier à la personnalité de son réalisateur.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 8 Novembre 2020, 16:53bouillonnant dans le chaudron "Films".