Après des années de galère, Holly obtient une bourse pour monter une pièce qu'elle a écrite. Avec sa petite troupe, elle s'installe à Hill House qu'elle a louée pour deux semaines malgré les avertissements de la propriétaire des lieux. Holly et son entourage sont tour à tour séduits et effrayés par la vaste demeure. Il sera vite trop tard pour en repartir.

Il est plus facile de trouver une maison hantée dans la littérature qu'un appartement correct et abordable dans une grande ville. Cependant, pour beaucoup de romans interchangeables, il y a finalement peu de grands classique et Maison hantée de Shirley Jackson en est peut-être un des plus beaux exemples. Sollicitée par Laurence Jackson Hyman, le fils de l'autrice elle-même, Elizabeth Hand, qui avait déjà taquiné le genre dans Wylding Hall, en a récemment écrit une suite, ce qui est ambitieux, voire suicidaire. N'aurait-il pas mieux valu que le roman soit totalement original, si l'on peut dire? Forcément, Hand souffre ici d'un héritage encombrant et même s'il a des liens avec l'intrigue d'origine, des allusions et des trouvailles (l'enregistrement qui laisse entendre ce qu'il y a sous les coups sourds occasionnels ouvre des pistes), la même histoire aurait pu se dérouler dans n'importe quelle grande baraque isolée sans encombre et sans risque d'accusation de plagiat tant on est là dans les ficelles habituelles du genre.

En ajoutant sa touche avec le thème de la sorcellerie, de par la pièce écrite par Holly et le personnage ambigu d'Evadne, Elizabeth Hand cherche à développer l'univers de Hill House, pas de manière complètement hors-sujet compte tenu de l'attrait de Shirley Jackson pour les sorcières, mais qui détonne tout de même un peu. Le quatuor de locataires est vite agaçant, chacun cherchant à tirer la couverture à lui dans la pièce de Holly même si l'on comprend pourquoi. Amanda, qui avait tout pour être la plus diva du lot, est finalement la plus attachante. Ce beau monde "rigole" tout de même pas mal, je m'interroge sur la traduction. Dans le roman d'origine, on suivait essentiellement Nell qui en raison de ses propres démons était la cible de la maison. Ici, chaque personnage est une proie potentielle en raison de ses expériences et sensibilités, ce qui ajoute au suspense certes mais le choix de la victime semble aléatoire (et les remerciements de la romancière à la fin semblent confirmer que la décision n'a pas été prise en amont).

Hommage sincère ou coup opportuniste, mélange des deux peut-être, La Colline hantée ne promet pas de marquer l'imaginaire collectif et l'histoire du genre comme a pu le faire Maison hantée. Néanmoins, Elizabeth Hand connait son boulot et on apprécie de la voir malmener ses personnages et leur ego, tout en parvenant en passant à rendre Hill House de nouveau inquiétante.