Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Pique-nique à Hanging Rock
Le 14 février 1900, les élèves du très select pensionnat australien pour jeunes filles tenu par Mrs Appleyard ont la joie de participer à un pique-nique au pied de Hanging Rock, impressionnant massif rocheux. Quatre pensionnaires s'aventurent sur les pentes de celui-ci et trois d'entre-elles disparaissent, ainsi que leur enseignante en mathématiques.

Si vous tombez sur cet article au hasard de pérégrinations sur la Toile, ce sera un scoop, si vous vous êtes farcis un paquet de mes précédents avis vous allez trouver que je radote mais allons-y: contrairement à beaucoup de gens qui préfèrent voir une adaptation avant de lire l’œuvre dont elle est tirée de peur d'être déçus par les changements et les coupes, j'opte généralement pour la démarche inverse. J'aime voir les choix effectués par une équipe pour transposer une histoire dans un autre format, comprendre pourquoi ces choix ont été faits, admirer les apports qui me semblent pertinents et m'affliger d'approches que je trouve à côté de la plaque. Dans le cas du présent roman, pas de bol, j'ai vu le beau film de Peter Weir à l'occasion d'une ressortie au cinéma il y a quelques années et ensuite la mini-série récente à l'esthétique sofiacoppolesque diffusée depuis, qui ne m'a guère convaincue.

Le film est très fidèle au roman donc l'un ou l'autre recèleront peu de surprises mais l'ambiance est tout aussi envoutante et mystérieuse tandis que la société victorienne se montre cruelle et corsetée sans explosion spectaculaire. La disparition des élèves et de leur professeure, ainsi que la réapparition de l'une d'entre elles, resteront sans explication. On peut imaginer une fuite concertée, un crime, mais certains éléments étranges suggèrent une raison plus surnaturelle. Si l'intrigue s'était déroulée cinquante ans plus tard, certains personnages auraient sans doute évoqué un enlèvement par des petits hommes verts. De fait, Joan Lindsay avait écrit un chapitre final longtemps inédit dévoilant le pot aux roses et quand le contenu en a été révélé, la réaction a été unanime: elle avait bien fait de le laisser dans un tiroir.

On ne doit donc pas attendre des réponses, le mystère est surtout un élément déclencheur pour affecter divers personnages qui ont côtoyé les disparues et mettre en lumière ce qu'il y a déjà de pourri au pensionnat et plus largement dans le milieu dans lequel les protagonistes évoluent: Mrs Appleyard, la directrice qui tient la pension d'une main de fer et voit sa réputation lui échapper, le personnel, la malheureuse Sara, orpheline obstinée et brimée, Michael, jeune Anglais de bonne famille qui avec Albert, le cocher de son oncle, va partir à la recherche des jeunes filles... Tout est feutré, sous-entendu, dans les sentiments que les personnages entretiennent l'un pour l'autre, leurs motivations. On devine par exemple immédiatement qu'Albert et Sara sont frère et sœur et de ce fait cela ne sera jamais mentionné explicitement.

Avec les années, Pique-nique à Hanging Rock n'a rien perdu de son aura. Inquiétant, oppressant sans recours aux grands effets et ouverts à de nombreuses interprétations, le roman n'en finira pas de sitôt de fasciner.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 19 Septembre 2024, 08:34bouillonnant dans le chaudron "Littérature".