Les Noirs comme les Verts pansent leurs plaies après la bataille de Rook's Rest. Rhaenyra manque de dragons imposants et habitués au combat, ou plutôt de membres de sa famille capables de les monter. À Port-Réal, la victoire laisse un goût d'incertitude tandis qu'Aemond obtient une place de régent et qu'Alicent voit son contrôle des événements s'éloigner de plus en plus.

On avait l'habitude avec Game of Thrones, habitude certes bousculée dans les dernières saisons, d'un avant-dernier épisode particulièrement choquant qui précédait un final où les survivants essuyaient tant bien que mal le contrecoup des événements et commençaient à se repositionner en fonction de ceux-ci, avant qu'une dernière scène impressionnante ne ferme temporairement le ban et fasse jaser jusqu'à l'année suivante. Ici, c'est arrivés à mi-saison que l'on a eu une bataille impressionnante laissant les deux camps adverses marqués, éprouvés et dans l'incertitude. Rhaenyra a perdu avec Rhaenys et Meleys ses deux atouts principaux et se trouve encore affaiblie, d'autant plus que Daemon a beau tenir Harrenhal, la région alentour continue de remuer et sa fiabilité est toujours en cause. Quant à Aegon, il n'était pas un bon roi mais restait une figure de proue derrière laquelle se rallier.

Verts comme Noirs ne vont donc pas fort et malgré leur victoire, ce sont peut-être les Verts qui apparaissent les plus faibles. On commence par une boulette: faire défiler en trophée la tête de Meleys: la population, loin d'acclamer, retient surtout que les dragons sont mortels (ce que l'on savait déjà, Balerion est mort de vieillesse et Meraxes lors d'une tentative de conquérir Dorne, en même temps que sa dragonnière, Rhaenys, nom décidément maudit, mais c'est une chose de le savoir, une chose de le voir). Or la population a faim et commence à s'agiter. Alicent sent bien que Cole ne lui dit pas tout sur le déroulement de la bataille et a cerné son deuxième fils mais cela n'empêche pas Aemond de gagner la place de régent. Comme son père avant elle, Alicent sent le pouvoir lui échapper et est reléguée en arrière-cour.

Côté Noirs, c'est encore moins brillant mais malgré les tensions lors des conseils et le deuil qui les frappe encore, on les sent plus sur la pente ascendante. Peut-être parce qu'on voit certains personnages prendre des initiatives ou sur le point de le faire: Jace négocie avec les Frey, ce qui est toujours risqué mais permet au moins de gagner un allié à court terme; Rhaenyra en vient à une conclusion pour résoudre le problème de sa flotte aéroportée réduite et les quelques bâtards qu'on nous présente d'une petite scène à l'autre depuis le début de la saison vont bientôt prendre du galon. C'est tout de même un plaisir de revoir brièvement les Jumeaux et les Éryés même pour un court instant. House of the Dragon a une intrigue et des enjeux plus resserrés que Game of Throne mais la série-mère avait l'avantage de proposer des ambiances, des thèmes et des lieux bien plus variés.

Pour revenir dans des contrées connues, Daemon continue de délirer à Harrenhal et même à avoir des rêves freudiens. Glauque mais amusant tout de même de voir qu'on en arrive presque à passer outre des mariages entre frères et sœurs ou oncle et nièce mais à être perturbés en découvrant l'identité de la femme de son rêve. Il est toutefois clairement manipulé, tout n'est peut-être pas question d'inconscient. Néanmoins, on piétine alors que le consort a du mal à accepter ce rôle (faut te faire une raison, Matt Smith!) quand bien même ser Simon Strong apporte une dose d'humour et de raison (il n'est pas sans rappeler/annoncer un Samwell Tarly âgé, dans son physique comme dans son côté pince-sans-rire) et Willem Blackwood est toujours aussi incisif... peut-être trop.

Regent est un de ces épisodes typiques où l'on avance des pièces sur l'échiquier pour des manœuvres qui ne porteront leurs fruits que plus tard, bien plus tard dans certains cas. L'essentiel de la série consiste en cela, il faut bien se l'avouer mais le paiement le justifie généralement amplement.