Grâce à la technologie des Communs, les Fables sont prêts à affronter l'Adversaire sur son terrain. La victoire se paie néanmoins au prix fort et bientôt, une nouvelle menace se dessine, encore plus terrifiante.

Le quatrième volume de l'intégrale de Fables comportait une intrigue sublime centrée sur Gobe-Mouche mais donnait dans certains chapitres l'impression d'allonger la sauce par l'entremise d'histoires plus légères et moins intéressantes. Le tome suivant ne commence pas sous les auspices les plus rassurants: divers dessinateurs illustrent des historiettes humoristiques pour répondre à des questions de lecteurs pas vraiment cruciales. On enchaîne sur la révélation de Bigby et Blanche à leurs enfants qu'ils ont un frère supplémentaire, puis une aventure de Cendrillon qui a son importance mais il faut attendre La Guerre des Nerfs pour vraiment voir arriver le gros morceaux: la reconquête des Royaumes et la chute de l'Adversaire.

Les premières pages laissent penser à une victoire facile et après les coups décisifs déjà infligés par Bigby et Mouche, on peut se dire que Gepetto a bien perdu de sa superbe en peu de temps. Heureusement, si l'on peut dire, Bill Willingham réserve deux morts poignantes et héroïques à des personnages importants de la saga (en laissant une porte ouverte pour un retour si leur notoriété dans le monde des Communs peut leur accorder une forme d'immortalité, phénomène déjà rencontré mais pas bien compris des Fables eux-même).

Alors qu'on pourrait s'arrêter là, sur un beau final doux-amer d'une série qui commençait à devenir inégale après des débuts ébouriffants, le scénariste relance l'intérêt de belle manière. Bien entendu, avec une technique éprouvée, celle de la surenchère: un nouvel ennemi encore plus néfaste, puissant et terrifiant que l'Adversaire. Réveillé, surprise, par Fafhrd et le Souricier gris (sont-ils libres de droits? Le premier tome fait allusion à Aslan et Narnia mais sans les nommer et sans leur faire jouer un rôle, on était juste dans du clin d’œil). Mark Buckingham illustre encore une fois à merveille les chapitres les plus importants. Ses collègues sont plus inégaux, Michael Allred sur Virée en ville notamment avec un Pinocchio très lisse et éloigné de ce que les autres dessinateurs en ont fait.

À mi-parcours, ce volume rassure: Bill Willingham relance son intrigue en réussissant à introduire un ennemi plus terrifiant que le précédent et ne laissant pas de répit à des Fables qui n'ont pas le temps de savourer leur victoire.