Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Marianne
Romancière à succès, Emma Larsimon revient dans son village natal d'Elden, en Bretagne, après une tragédie: une ancienne amie d'enfance s'est pendue sous ses yeux après lui avoir dit que sa mère était possédée par Marianne, une sorcière qui a pactisé avec le démon des siècles auparavant. Marianne n'est pourtant qu'une création littéraire d'Emma. Celle-ci va devoir affronter la sorcière aussi bien que son passé alors que les morts se multiplient autour d'elle.

Arrivée sur Netflix en 2019, cette série horrifique française avait fait parler d'elle, suivant un schéma classique: des articles vantaient la nouvelle sensation de la plate-forme, number one dans plusieurs pays, qui terrifiaient les spectateurs dont un certain Stephen King qui proclaimait avoir eu très peur. Événement sorti de nulle part, succès surprise et... annulation au bout d'une saison avant de retomber dans l'oubli auprès de consœurs victimes d'une éphémère notoriété dont on se demande à quelle point elle était réelle. Je ne l'avais pas regardée à l'époque, échaudée par le jeu d'acteurs qui transparaissait dans la bande-annonce. Annulation ou pas, elle a été le ticket d'entrée du réalisateur, Samuel Bodin, pour les États-Unis où il a confectionné La Maison du Mal, film sorti en catimini cet été alors qu'il semblait calibré pour Halloween et qui, bien que très imparfait, démontrait un savoir-faire certain dans les scènes de frousse et faisait preuve d'une noirceur inattendue.

Le point fort de Marianne réside encore une fois dans les capacités de Bodin à faire monter la tension et ménager une vraie angoisse de manière pourtant classique: jeux d'ombres, apparitions furtives dans un coin de l'écran, cadrage flippant sur le visage déjà étrange de Mireille Herbstmeyer. Les références sont parfois trop écrasantes comme un personnage possédé se tordant de manière à rappeler L'Exorciste et sur huit épisodes, certains effets deviennent redondants mais le réalisateur montre qu'il sait gérer de telles scènes, sans recourir au simple jumpscare, et il ne rechigne pas sur le gore sans en abuser. Les petits villages bretons côtiers sont aussi indubitablement cinégéniques. Hélas, du point de vue de l'écriture (il est responsable du scénario en compagnie de Quoc Dang Tran) et de la direction d'acteurs, ce n'est pas du tout la même histoire et l'on peut comprendre que passé la curiosité de voir une série horrifique à la française et un bouche-à-oreille s'étendant à la presse, le public se soit découragé. En particulier face à un personnage principal qui cumule les mauvais points.

Rarement protagoniste aura été si immédiatement et totalement antipathique qu'Emma: méprisante avec ses fans, abusive avec son assistante, insultante, à la limite du harcèlement envers un ami d'enfance dont elle voit qu'il est heureux en couple... Bien sûr, c'est volontaire, Emma se fera dire au fur et à mesure que la série progresse ses quatre vérités, on aura des explications sur sa conduite et elle daignera même s'excuser mais sans totalement changer son attitude pseudo-rebelle. Cela n'aide pas que l'on ne ressent jamais un pouvoir d'attraction qui expliquerait pourquoi ses camarades étaient aussi fascinés par elle et le peu que l'on entend de sa prose ne donne pas l'impression d'être face à un talent éblouissant. La série opte pour des ruptures de ton déconcertantes. Si Bodin instaure une ambiance anxiogène, il intègre également de l'humour parfois grotesque et les personnages de l'inspecteur et du curé sont à un moment complètement bouffons pour être traités sérieusement la scène suivante, ou même à l'intérieur d'une même scène. Emma et sa bande atteignent tous la trentaine mais n'ont pas l'air d'avoir vraiment évolué depuis l'adolescence et leurs échanges manquent de naturel.

Le niveau de l'interprétation plombe l'ensemble bien qu'il ne faudrait pas tout mettre sur le dos des acteurs: ils font avec l'écriture et les directions de Samuel Bodin, après tout. Victoire Du Bois se démène mais souffre forcément le plus dans le rôle principal, peinant à devenir émouvante quand son personnage est mis à mal. Lucie Boujenah, Thipaine Daviot, Ralph Amoussou... Tous s'appliquent mais parviennent difficilement à paraître naturels dans la peau de personnages que l'on a envie de secouer, aux réactions artificielles. Ressortent de ce marasme Mireille Herbstmeyer précédemment citée, effrayante en vieille dame possédée que l'on ne cherche pas à exploiter tout au long des huit épisodes, au risque de lasser (cela nécessite cependant de laisser le personnage sur le bas-côté à mi-course) et Alban Lenoir qui malgré un rôle de policier improbable maîtrise son aspect comique tout en parvenant à se montrer grave au besoin. Comte-tenu de l'annulation, il est dommage d'avoir relancée l'intrigue dans les dernières minutes alors qu'elle était bouclée.

Difficile de dire si les belles scènes de flippe sauvent une série par ailleurs bien faible ou si elles sont gâchées par tout ce qui les entoure. La Maison du Mal le confirmera, Samuel Bodin est compétent pour élaborer des scènes inquiétantes mais il faudra un jour lui confier un scénario solide.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 5 Mai 2024, 14:55bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".