Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Simetierre
Engagé comme médecin sur un campus, Louis Creed quitte Chicago avec sa femme Rachel et ses deux jeunes enfants, Ellie et Gage. Ils s'installent dans une maison en bordure d'une route très fréquentée. Leur nouveau voisin, le vieux Jud, leur fait visiter le "simetierre" où les enfants locaux ont pris l'habitude d'enterrer leurs animaux de compagnie. Mais il existe un autre cimetière, moins fréquenté, non loin, dont Louis va découvrir le terrible pouvoir.

Je ne sais plus quand j'ai lu Simetierre pour la première fois. Avant la nouvelle adaptation de 2019, c'est certain, et ce n'était pas pendant "ma grande période King" de l'adolescence. C'était à un moment où il ne m'intéressait plus vraiment mais comme le roman avait été publié dans les années 80, quand il était, je trouve, à son zénith, je me disais que c'était l'occasion de renouer avec un type de lecture qui m'avait apporté bien du plaisir. Je vais abréger le suspense, à mes yeux il s'agit de l'un de ses meilleurs crus.

On part d'une idée simple de récits d'horreur qui comme toutes les bonnes idées simples de récits d'horreur, a un potentiel fou pour faire trembler: un cimetière secret qui permet, si l'on y enterre un corps, de faire revenir celui-ci à la vie. Hélas, pas entièrement semblable à ce qu'il était. Louis Creed, médecin, se targue d'être, de par sa profession, habitué à envisager la mort et la regarder en face. Bien mieux que sa femme Rachel, traumatisée dans son enfance par la maladie incurable de sa sœur aînée ou que sa fille de cinq ans Ellie, que la visite du simetierre des animaux rend consciente de la mortalité de son chat adoré, Church. C'est cependant Louis qui sera la victime du cimetière maudit et ne résistera pas à la tentation de l'utiliser malgré les avertissements de son voisin Jud, qui connait les dangers et l'attraction du lieu, et de l'esprit d'un étudiant brutalement décédé.

Dès le départ, les personnages sont condamnés. Les décès violents ne manquent pas dans l’œuvre de King, c'est ce que l'on attend de ses romans mais rarement des protagonistes se sont vu offrir par l'auteur aussi peu de marge de manœuvre. Ce n'est d'ailleurs pas la mort ici qui doit faire peur mais son refus de l'accepter qui conduit à la tragédie: Creed a beau être conscient des changements qu'apporte le cimetière, il va l'utiliser et le pire n'est pas de devoir dire adieu à des proches aimés mais que leur souvenir sera irrémédiablement souillé. Le roman ménage de beaux moments de frisson comme les expéditions au cimetière au-delà du simetierre, l'évocation de Zelda et la dernière partie dantesque, ainsi que d'autres profondément humains comme la détresse des Creed lorsqu'ils sont frappés par un deuil terrible. On peut lui reprocher quelques clichés avec l'utilisation basique du folklore micmac et quelques longueurs (avait-on besoin d'autant de détails pour la scène exhumation?). Ou encore de ne jamais rendre son personnage principal totalement sympathique, même avant qu'il ne tombe sous une influence maléfique. Cela pèse peu face au macabre sans concession qui parcourt toute l'histoire.

Simetierre est l'un des romans les plus sombres et désespérés de Stephen King et lui que l'on accuse de souvent bâcler ses fins, on ne peut pas lui reprocher ce coup-ci de ne pas aller au bout de son propos pour sauver ses personnages par une entourloupe.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 6 Mai 2024, 18:14bouillonnant dans le chaudron "Littérature".