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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Mais qui a tué Harry?
En jouant aux abords du petit village où lui et sa mère se sont installés, le jeune Arnie tombe sur le cadavre d'un inconnu. Le capitaine Wiles, qui chassait le lapin non loin, pense l'avoir abattu par accident. Jennifer, la mère d'Arnie, reconnait son mari, Harry, qu'elle ne regrette absolument pas... Qui a tué Harry, et que faire du corps pour s'éviter les ennuis?

Alfred Hitchcock dans les années 50, même s'il signera tout de même Psychose en 1960, est peut-être à l'apogée de sa carrière: il propose ainsi des divertissements haletants comme La Mort aux trousses, des huis-clos plein de tension comme Fenêtre sur Cour ou Le Crime était presque parfait, expérimente avec Sueurs froides, il lance la série anthologique Alfred Hitchcock présente... Au sein de cette sélection, Mais qui a tué Harry? détonne. Il y a souvent de l'humour dans les films du maître du suspense mais il n'avait pas signé de pure comédie depuis Joies matrimoniales une quinzaine d'années plus tôt. Car on a beau avoir ici un cadavre dont on se demande qui l'a réduit à cet état, l'aspect policier n'est pas flagrant. Il n'y a pas d'enquête malgré un adjoint du shérif fouineur, les différents personnages cherchent davantage à escamoter le corps pour avoir la paix qu'à éclaircir le mystère quand ils ne se contentent pas de faire fausse route et de l'accepter.

Le film est donc atypique. Pour une intrigue à base de cadavre encombrant, on est loin du côté survolté que ce concept entraine généralement, dans Arsenic et vieilles dentelles par exemple. Au contraire, tous les personnages sont d'un flegme à toutes épreuves: le capitaine est plus embêté que paniqué à l'idée d'avoir tué un homme accidentellement, Miss Gravely, qui le surprend à trainer le cadavre, le salue comme si de rien n'était, Sam l'artiste-peintre est surtout contrarié de le voir gâcher le paysage qu'il croque avant de faire son portrait, Jennifer est simplement soulagée de sa mort, le médecin local absorbé par sa lecture trébuche dessus comme si c'était une simple racine et Arnie est totalement détaché vis-à-vis de la mort, que ce soit celle d'un humain ou d'un lapin qu'il va trimballer. Les personnages vont pourtant se poser quelques questions et la culpabilité potentielle de chacun émerge petit-à-petit. Là encore, loin de vouloir coincer son prochain pour échapper à une mise en cause, ce petit monde va tranquillement s'arranger, jusqu'à ce que la vérité éclate.

Le décalage entre les réactions des personnages et celles que l'on attendrait d'eux dans une telle situation fait tout le caractère de cette comédie, à l'ambiance automnale magnifique (je crois que rarement une comédie ne m'a paru si belle à regarder). C'est également ce qui peut empêcher d'en rire si l'on n'est pas sensible à ce type d'humour ou si l'on attend une montée progressive dans la folie. Tout est feutré, paisible et finalement sans variation malgré des dialogues toujours piquants. Les protagonistes peuvent même paraître insensibles à leur prochain (on découvre toutefois vite que Harry ne sera pas regretté pour de bonnes raisons) bien qu'on s'aperçoive que c'est loin d'être le cas au travers des deux couples qui se forment ou face à la réaction de Sam quand ses œuvres trouvent enfin un riche acheteur.

Le casting est lui aussi inhabituel pour cette période de la carrière d'Alfred Hitchcock: le plus grand nom à l'affiche est celui de Shirley MacLaine mais elle faisait ses débuts ici et s'avère pétillante sans trop en faire (logique puisque la placidité est de mise). De même, John Forsythe n'était pas encore un pilier de Dynastie ou la voix de Charlie dans Drôles de dames, il fait en tout cas le taf en jeune artiste impavide. Edmund Gwenn et Mildred Natwick complètent le quatuor d'assassins potentiels/escamoteurs de cadavre en vieux célibataires excentriques qui n'en font pourtant pas des caisses comme c'est souvent le cas pour les seconds rôles pittoresques de comédie.

Mais qui a tué Harry?, échec à sa sortie sauf en France, peut être considéré comme très mineur dans la filmographie de Hitchcock. Il est néanmoins visuellement splendide et pour peu que l'on soit sensible au type d'humour déployé, très plaisant.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 29 Avril 2024, 21:28bouillonnant dans le chaudron "Films".