D'Artagnan part à la recherche de Constance, enlevée sur ordre de Richelieu. Sa route croise vite celle de Milady. Il doit cependant vite rejoindre les Mousquetaires, envoyés faire le siège de la cité protestante de La Rochelle tandis que le commanditaire du complot contre le roi court toujours.

La première partie de cette nouvelle adaptation du célébrissime roman d'Alexandre Dumas ne m'avait pas convaincue: si les moyens alloués étaient indéniables, que le casting se défendait bien en dépit de certains choix discutables comme un Vincent Cassel trop vieux pour Athos et un ton trop familier hormis chez les membres de la famille royale ou Richelieu, D'Artagnan était plombé par une image brunâtre, des costumes uniformément marronnasses et sales (sauf là encore pour les grands de ce monde) et une intrigue qui en prenant des libertés avec une histoire que l'on imaginait déjà trop connue de tout le monde confondait complexité et confusion. Aussi n'avais-je guère d'attente pour cette deuxième partie que je ne suis même pas allée voir en salle. C'est peut-être pour cela que les presque deux heures ne sont pas si mal passées. J'étais pourtant certaine de m'agacer à chaque tournant, cela n'a pas été le cas même si encore une fois j'aurais des reproches à formuler.

Il faut reconnaître au réalisateur Martin Bourboulon d'avoir pris en compte les critiques formulées sur le premier volet: adieu filtre brunâtre, le soleil se lève, le ciel devient bleu. Le montage des scènes de combat parait également moins haché. Saint-Malo passe difficilement pour La Rochelle quand on a vu une des deux villes mais c'est très cinégénique (je dois d'ailleurs finir de renommer mes photos de l'été dernier). Hélas, cette bonne volonté louable est limitée: le tournage de la deuxième partie était bouclé lors de la sortie de la première, on ne pouvait raisonnablement imaginer que le tir serait corrigé sur les costumes, les dialogues (malgré quelques répliques savoureuses) et le scénario. On retrouve la trame de la deuxième moitié du livre, avec le siège de La Rochelle, la mission de Milady l'amenant en Angleterre, le blanc-seing que lui signe Richelieu qui sera fort utile aux mousquetaires. Les scénaristes y apportent leur touche personnelle pour que le récit ne soit pas trop convenu (même si cette partie me semble toujours négligée et moins connue que l'affaire des ferrets). Rarement pour le mieux.

Toutes les idées ne sont pas à jeter. La présence d'un mousquetaire noir a ainsi pu faire râler mais le personnage est basé sur Aniaba, prince d'Assinie, qui a réellement existé et fait partie du corps des mousquetaires. Il était le filleul de Louis XIV, non de Louis XIII, mais cet anachronisme d'un règne près n'est pas le plus gros que l'on ait pu voir dans des films en costume et il n'y a pas de démagogie là-dessous. Malheureusement on ne sait pas exploiter sa présence: il aurait été judicieux de montrer son statut supérieur aux autres mousquetaires mais il est aussi mal fagoté qu'eux, s'exprime de la même manière, n'a aucune superbe alors qu'avec un jeu davantage dans la lignée de celui qu'offre Garrel en Louis XIII (dans la diction et la distance plus que dans la personnalité), il aurait assis son statut, qui tombe du coup à plat dans la scène où il le fait valoir.

De même, le destin de Constance est poignant, on n'évite pas la tragédie et l'idée de la voir manipulée par Milady qui va jouer sur ses bons sentiments n'est pas idiote mais trop expéditive pour ne pas être artificielle. L'idée de donner un jeune fils à Athos est en revanche peu judicieuse du début à la fin: le mousquetaire a ainsi une raison de vivre ece qui enlève l'importance que Raoul revêtira pour lui par la suite mais il est surtout prétexte à un cliffhanger des plus malhonnêtes: on nous avait vendu une adaptation en deux parties, il en faudrait désormais une autre pour conclure une intrigue relancée dans la dernière minute? Fi donc! Au moins peut-on se consoler du fait que Milady remet vite l'église au milieu du village après la fausse piste de la première partie: non Richelieu n'a aucun intérêt à zigouiller le roi à qui il doit son pouvoir, ni lui ni les scénaristes ne sont aussi bêtes. Ouf, tout de même. Quant à l'intrigue relative à la sœur d'Aramis, si elle m'a arrachée quelques sourires, elle est une bonne illustration d'un autre problème de l'adaptation: on donne à Aramis et Porthos une sous-intrigue pour les occuper mais jamais les quatre héros n'ont une action d'éclat en groupe: pas d'épisode du bastion Saint-Gervais, pourtant moins adapté que celui des ferrets. Les personnages apparaissent comme de bons potes qui se réunissent pour l'apéro après une dure journée mais qui vivent leurs aventures séparément ou en duos.

En dépit d'un bon rythme et de péripéties régulières qui empêchent le spectacle d'être ennuyeux, ce diptyque a tout de l'occasion gâchée. Une adaptation bien plus fidèle aurait pu paraître peu originale (encore que les retours aux sources réservent parfois des surprises à ceux qui ne connaissent l’œuvre que par ses adaptations) mais elle n'aurait pas souffert d'initiatives aussi peu pertinentes.