En 1941, alors que la guerre fait rage en Europe, les États-Unis rechignent à s'engager, isolationnistes et pro-nazis protestant particulièrement. Un film anti-nazi, produit par un studio indépendant, a pour rôle de réveiller les consciences. Lala, la star du film, fait appel à la detective privée Vicky Mallone pour retrouver des photos compromettantes, susceptibles de condamner le projet.

Qui a-t-il de si séduisant dans l'Âge d'Or de Hollywood pour que l'on s'en serve régulièrement comme cadre pour des fictions, policières comme ici, comme c'était déjà le cas de la série des Toby Peters de Stuart Kaminsky? L'aura des grandes stars? Le décalage entre paillettes et coulisses sordides? On peut encore trouver cela dans les années qui ont suivi. La distance joue peut-être son rôle. Aura-t-on, dans cinquante ans, des romans policiers dans lesquels vont intervenir Brad Pitt, Tom Cruise ou Cate Blanchett?

On verra quand on y sera. Le cadre est, il faut bien l'admettre, passionnant: des États-Unis sur le point d'entrer en guerre mais à l'époque rien n'est encore joué, pour des raisons que l'on peut comprendre (aller se faire tuer sur un autre continent pour des gens que l'on ne connait pas quand on se sent à l'abri chez soi et que la Grande Guerre est encore fraîche dans les mémoires) d'autres bien plus sombres car des personnalités ouvertement pro-nazies, racistes et antisémites ont de l'influence. C'est dans ce contexte que des films anti-nazis font tout de même leur apparition mais celui dont il est question ici est censé frappé un grand coup plutôt que d'y aller timidement ou sous la façade de la comédie. Naturellement, un scandale nuirait à la noble mission et c'est là qu'intervient Vicky Mallone, une privée dégourdie, amatrice de jolies filles et alcoolique comme tout privé de romans noirs mais ici il s'agit donc d'une femme.

Le point de départ à base de photos compromettantes est classique et peu original mais comme dans Le Grand Sommeil, ça se complique rapidement. La différence est qu'ici on finit par tout comprendre et savoir qui a tué qui. Les fausses pistes se multiplient car tout le monde ment à Vicky et si dans le tas on voit venir certaines ficelles (le personnage dont on ne se méfie pas alors qu'on devrait raisonnablement le faire, par exemple), impossible de ne pas se faire balader. On croise évidemment des stars, comme Errol Flynn, dont bizarrement, vu le sujet, on n'évoque pas l’ambiguïté. Par ailleurs le roman est très didactique, parfois trop explicatif même si l'on peut apprendre des choses sur le contexte historique. Les dialogues, notamment les échanges entre Vicky et Arkel, sont savoureux mais quelques citations de comédies françaises connues détonnent et donnent l'impression que roman noir dans la lignée de Chandler et Hammett ou pas, on s'adresse ici à un public français avant tout.

Hollywood s'en va en guerre est une plongée haletante dans le Hollywood des années 40 par l'entremise d'une enquête qui ménage bien des surprises. De quoi ne pas refuser une nouvelle aventure de Vicky Mallone si elle se présente.