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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Nosferatu, Fantôme de la Nuit
Jonathan Harker est envoyé en Transylvanie pour négocier la vente d'une maison à Wismar, en Allemagne, où il vit avec sa femme Lucy, auprès du comte Dracula. Une fois parvenu dans les ruines isolées du château du comte, Harker découvre que ce dernier est un vampire et que la population de Wismar et Lucy en particulier courent un danger mortel.

Alors que les premières images du Nosferatu de Robert Eggers commencent à émerger, c'est l'occasion de revenir sur le premier remake du chef-d’œuvre de Murnau, jalon de l'Histoire du cinéma, de la représentation du vampire et des adaptations du roman de Bram Stoker. En 1979, cela faisait plus de dix ans que la firme britannique Hammer avait remis le comte au goût du jour avant de l'exploiter jusqu'à la moelle, et en Allemagne, une nouvelle génération de cinéastes attiraient l'attention après plusieurs décennies de disette, les années 30 ayant été redoutables pour les réalisateurs, une bonne partie d'entre eux fuyant le nazisme pour Hollywood sans être vraiment remplacés. Il faut de l'audace pour refaire à sa sauce un classique mais Werner Herzog, adepte des tournages de l'extrême, n'est pas réputé pour en manquer.

J'ai une histoire particulière avec ce film car je l'ai découvert sur Arte un soir alors que j'avais onze ans et que pour une raison ou une autre j'étais seule à la maison. J'avais cours le lendemain donc je devais me coucher tôt mais j'avais été fascinée par les premières images, ces momies mexicaines de victimes du choléra filmées sur une musique de Popol Vuh. Au point d'enchaîner sur la suite, sans être rebutée par le rythme lent. Je n'avais pas vu la fin car je craignais que mes parents ne rentrent avant que je sois au lit alors qu'en fait il ne restait que dix minutes que j'aurais pu voir sans être dérangée. Le film est actuellement disponible sur le site d'Arte, mais alors que j'avais vu la version allemande à la télé, est proposée ici l'anglaise, les deux films ayant été tournés simultanément. Il n'y a donc guère de différence en dehors de la langue même si l'allemand, dans le contexte, est plus logique, on trouve le distinguo sur Youtube mais c'est l'affaire de quelques secondes de décalage dans les réactions des acteurs d'une prise à l'autre.

Werner Herzog ne cherche pas à tirer un trait sur le film de Murnau mais au contraire en reprend souvent des plans, notamment quand il s'agit de filmer son vampire. Tourné hors décors de studio, le film est souvent une splendeur, notamment lors de l'arrivée de Harker en Transylvanie puis au château de Dracula. Il s'en dégage un onirisme certain alors qu'on laisse entendre que la demeure du comte n'existe pas, en tout cas pas vraiment dans notre réalité, que le château lui-même serait fantôme. On ne se pose alors plus de question sur la manière dont Dracula correspond avec une étude à Wismar quand il réside dans un lieu coupé de tout, Herzog ne cherche pas la vraisemblance. À partir du moment où le buffet du petit-déjeuner propose des pastèques, n'est-ce pas chipoter? Il semble d'ailleurs y avoir une connexion entre le comte et quelques habitants choisis de Wismar, comme avec Renfield qui attend la venue de son maître, ou Lucy, en proie à un pressentiment avant le départ de Jonathan et qui voit dans son sommeil Dracula attaquer son mari. Herzog replace d'ailleurs le couple Harker au centre du récit plutôt d'éjecter vite le pauvre Jonathan pour jouer sur une vraie attirance de Lucy (on inverse les rôles avec Mina) pour le vampire comme c'est devenu la mode par la suite. La dernière partie à Wismar est destructrice, Dracula détruisant la ville prospère par la peste et étendant le Mal sans avoir besoin de vampiriser grand monde lui-même. Le docteur Van Helsing n'a ici rien d'un chasseur de vampire émérite mais se révèle un sceptique inutile n'agissant que trop tard en se trompant de menace tandis que Lucy doit prendre les choses en main quitte à se sacrifier. La fin, à la fois pessimiste et ironique pourrait alors presque tenir de la parodie. Tout n'est pas totalement réussi, car si certains plans sont splendides, les inserts de chauve-souris en vol issus d'un documentaire sont parfois maladroits et peu subtils et les décors ne sont pas tous à la hauteur (l'entrée du château par exemple fait très fauchée par rapport aux autres vues de la bâtisse).

Avec un casting franco-allemand, Herzog opte pour une direction d'acteurs éclectique. Il canalise l'ingérable Klaus Kinski pour faire de son Nosferatu une créature pathétique, lasse de son immortalité mais incapable d'y mettre fin par elle-même. Bruno Ganz est un Jonathan Harker fort correct, ce qui est déjà beaucoup pour ce personnage toujours un peu ingrat. Roland Topor avait de toute évidence pour instruction d'imiter Peter Lorre version fin de M le Maudit et de pousser les potards au maximum donc contrairement à Kinski, il n'est nulle question de sobriété ce qui peut taper sur les nerfs mais ajoute à l'étrangeté de l'ensemble. Quant à Isabelle Adjani, maquillée comme une actrice de l'époque du muet, elle adopte dans certaines séquences un jeu idoine, tout en yeux écarquillés et gestuelle exagérée, tout en étant beaucoup plus effacée sur certaines scènes. La performance est donc déconcertante et n'emportera pas forcément l'adhésion mais cette version de Lucy/Mina est mémorable, renversant son statut de victime désignée pour s'en servir afin de sauver la situation tandis que Van Helsing est plus ridicule et nuisible qu'efficace.

Moins effrayant que macabre, ce Nosferatu, Fantôme de la Nuit n'est pas dépourvu de maladresses mais possède une beauté lugubre et un rythme lancinant, hypnotisant, qui en font une petite réussite et sa fin féroce qui dénote avec les précédentes adaptations de Dracula est un apport inattendu. On est donc loin d'un remake superflu, espérons qu'on pourra en dire autant de celui d'Eggers.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 29 Décembre 2023, 16:39bouillonnant dans le chaudron "Films".