Mère de trois enfants, Carlotta Moran est agressée un soir dans sa chambre par une entité invisible. Les attaques se reproduisent, toujours plus violentes mais Carlotta n'est pas convaincue que le psychiatre qui s'occupe de son cas comprenne réellement ce dont elle souffre. Une équipe de parapsychologues pourrait en revanche lui venir en aide.

Après le succès d'Audrey Rose, Franck de Felitta n'a pas perdu de temps en rempilant sur un roman basé sur le même principe. Un fait divers à sensation comme point de départ, ici une femme s'étant plainte d'avoir été victime d'un "viol spectral", romancé afin d'y inclure plusieurs scènes choquantes et une exploration de la psychologie des différents protagonistes. On découvre donc Carlotta, mère courage qui jongle entre l'éducation de trois enfants dont un fils déjà adolescent, un travail d'hôtesse et une formation de secrétaire. Une existence qui ne lui donne pas le temps de souffler mais qui a atteint un certain équilibre, avec une relation prometteuse qui pourrait se concrétiser par un mariage. Jusqu'à ce que Carlotta soit agressée sexuellement par un être invisible qu'elle croit bien réel, les marques sur son corps et les dégâts dans l'appartement dont ses proches sont aussi témoins semblent le confirmer.

Durant les premières pages, on peut craindre qu'on va avoir droit à un chapitre = un viol (et il y a presque trente chapitres), heureusement on échappe à cette régularité alors que Carlotta cherche de l'aide. D'abord celle d'un interne en psychiatrie, Gary Sneidermann, trop campé sur ses certitudes pour y voir autre chose qu'un profond trouble mental susceptible de s'aggraver et qui développe une attirance pour Carlotta qui l'empêche d'être objectif. Ensuite celle de parapsychologues qui ont une idée plus précise de ce qui vise Carlotta mais tâtonnent pour trouver une solution. L'auteur tranche vite entre le surnaturel et une explication terre-à-terre, comme dans Audrey Rose les sceptiques dérangent plus qu'ils n'arrangent et les tenants d'une explication plus extraordinaire ont un argumentaire suffisamment bâti et "scientifique" pour qu'on y accorde foi au moins le temps du livre. En fouillant dans les pensées des différents personnages, même secondaires, on n'échappe pas à certaines longueurs mais le plus intéressant reste cette pauvre Carlotta qui aurait bien des raisons de souffrir de problèmes psychologiques après une éducation par des parents rigoristes et étouffants, un premier mari violent et immature et une recherche de protection qui échoue toujours pour une raison ou une autre. Il y a également une grosse ambiguïté relative à son fils aîné et il ressort que si Carlotta est victime d'un phénomène extérieur, elle n'a pas été choisie au hasard.

Le caractère de victime sans aucune échappatoire de Carlotta, malgré tous les efforts qu'elle déploie, peut lasser tout comme l'insistance de l'auteur sur son physique attirant et sa vulnérabilité. Le roman garde toutefois un petit parfum d'années 70 qui en fait une curiosité et un côté oppressant indéniable.