Corban, la princesse Edana et quelques compagnons fuient Dun Carreg désormais aux mains des troupes d'Owain qui ignore encore qu'il n'est qu'un pion dans un complot plus vaste. Nathair poursuit ses manœuvres avec Rhin pour conquérir le continent et désire mettre la main sur le chaudron qui permettrait de faire revenir le terrible Asroth.

Avec Malice, John Gwynne entamait une tétralogie de la facture la plus classique qui soit: nombre de personnages et de royaumes, un seigneur des ténèbres prêt à revenir pour asservir le monde, un jeune garçon ordinaire mais pas trop qui ignore encore qu'il est l'Élu annoncé par une prophétie... L'auteur ne réinventait clairement pas la poudre, le premier tome prenait son temps pour démarrer comme souvent lorsque l'on doit introduire beaucoup de monde éparpillé sur tout un continent et le style n'avait rien d'exceptionnel. Problème de traduction ou pas, les personnages feulaient à la moindre contrariété, à se demander comment un tic d'écriture pareil peut ne pas se remarquer et ne pas être corrigé. Néanmoins la sauce finissait par prendre et surtout, Gwynne introduisait un paramètre intéressant dans ce parcours très balisé: l'avatar du grand méchant est sincèrement convaincu d'être l'Élu du bon côté et n'attire pas à lui que les pires fourbes mais s'attache aussi des guerriers honorables qui croient que sa cause et juste.

Le deuxième tome poursuit donc sur sa lancée, avec des protagonistes souvent en fuite alors que les royaumes tombent les uns après les autres sous la coupe de Nathair et son alliée Rhin. On ne perd pas de temps même s'il en faut pour replacer tout le monde, ça feule toujours à gogo (même des chiens feulent à un moment!) mais au milieu de toute cette panique alors que les héros sont en position de faiblesse, on avance tout de même sur l'intrigue générale: Corban apprend quel est son rôle crucial et passé un petit moment d'adaptation, le prend bien avec un seul "Pourquoi moi?", on est loin d'un Garion. Maquin, désireux de venger Kastell, se retrouve malgré lui dans un remake de Gladiator mais arrive à s'en extraire pour le prochain tome. Quant aux rapports familiaux, ils restent amorcés mais promettent des conflits potentiels. Vonn semble avoir rompu avec son traitre de père Evnis mais on ignore ce qu'une confrontation entre eux pourrait donner, on en a un aperçu avec les frères Halion et Conall au service de camps adverses et Fidele, qui croit en son fils Nathair, en subit trop de la part d'un de ses alliés pour ne pas tout remettre en question.

On est toujours en territoire connu avec cette suite qui avance cependant d'un bon pas. Certes, on est dans ce qui est appelé péjorativement de la Big Commercial Fantasy comme on n'en fait finalement plus trop désormais (ou en tout cas elle est moins mise en avant qu'autrefois) mais on se laisse entrainer dans l'aventure, en se demandant davantage quand les gentils dans le mauvais camp vont réagir qu'à la manière dont Corban va vaincre le Mal.