Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Bones and All
Maren déménage depuis son enfance de ville en ville avec son père surprotecteur, sans jamais s'établir et créer de liens durables. Invitée à passer la nuit chez une camarade de classe, elle ne peut s'empêcher de lui croquer un doigt. En fuite et abandonnée par son père qui lui révèle qu'elle a depuis son enfance été la proie à un goût involontaire et prononcé pour la chair humaine, Maren part à la recherche de sa mère et rencontre en chemin d'autres Mangeurs en marge de la société.

Drôle de projet que celui-ci, marquant les retrouvailles entre Luca Guadagnino et l'acteur Timothée Chalamet après le célébré Call Me By Your Name. Entre les deux, le réalisateur s'était déjà essayé à l'horreur avec son remake de Suspiria qui avait reçu des retours mitigés. Le scénariste de ce dernier, David Kajganich, s'est donc ensuite employé à adapter un roman de Camille DeAngelis mêlant roman initiatique pour adolescents, romance et cannibalisme. Ce qui n'est pas le cocktail le plus commun ni le plus évident à mettre en place, car même si Kajganich a déjà tâté du sujet de l'anthropophagie dans l'excellente première saison de The Terror, l'approche ici n'a rien de comparable.

En fait, il n'est pas tant question de cannibales que de Mangeurs, des êtres humains qui pour une raison qui restera obscure, ressentent un besoin irrépressible de dévorer leurs semblables, ce qui complique leur vie sociale. Maren, l'héroïne à peine majeure, se retrouve livrée à elle-même à peine a-t-elle pris conscience de sa nature et va tenter de trouver des réponses sur sa différence en recherchant sa mère tout en s'accommodant de sa condition. Le film prend alors la forme d'un road-movie où au gré de son périple et de ses rencontres, Maren va découvrir ce qu'implique d'être une Mangeuse, comment d'autres personnes gèrent leur fringale, tout en voyant miroiter l'espoir de ne pas finir seule sur les routes à traquer des proies vulnérables. Bones and All peut se lire comme l'antithèse de Call Me By Your Name: au cocon familial compréhensif et accueillant dont fait partie Elio succède une adolescente abandonnée par une mère qu'elle n'a jamais connue puis par un père qui l'a protégé de son mieux durant son enfance mais se retrouve à bout de nerfs et de ressources. À la villa italienne cossue peuplée d'universitaires cultivés se substitue une errance dans les États-Unis de la même décennie (les années 80) où Maren côtoie des gens tout aussi déclassés qu'elle. Même l'apparition de Michael Stuhlbarg au détour d'un feu de camp est un miroir inversé de sa grande scène de Call Me By Your Name, une nouvelle leçon de vie prodiguée au personnage joué par Timothée Chalamet mais au fond bien plus inquiétant qu'émouvant.

Pourtant les qualités et mes réserves tiendront peu ou prou sur les mêmes points. Il y a un vrai soin sur la forme, avec des paysages souvent crépusculaires aussi beaux que les demeures, les bagnoles et les personnages transpirent la crasse et la poussière, une bande-son envoutante et... une romance au cœur du récit qui ne me bouleversera pas faute d'une totale alchimie entre les acteurs principaux. Séparément Taylor Russell en jeune fille introvertie qui cherche à se comprendre ainsi que son nouveau monde et Timothée Chalamet en jeune coq qui cache des souvenirs douloureux sont très bons mais leur histoire d'amour reste étonnamment chaste à l'écran, presque enfantine pour des personnages entrant dans l'âge adulte et confrontés à une particularité qui fait d'eux des meurtriers. L'aspect film d'horreur est intermittent. Le cannibalisme fait partie de ces thèmes que j'évite en général même si j'aime certains œuvres l'abordant (The Terror donc mais aussi Vorace d'Antonia Bird), par crainte de voir de la barbaque sanguinolente mais aussi parce que c'est peut-être, de tous les sujets horrifiques, celui qui me parait le plus déshumanisant et donc dérangeant. Passée la scène du doigt en début de métrage, les images sont assez digestes, pour ainsi dire, avec finalement pas mal de hors-champs, mais Guadagnino mise avec succès sur le malaise qui pèse sur plusieurs scènes: le passage dans la maison de la vieille dame mourante où Maren découvre Sully dans ses œuvres, la nuit au coin du feu auprès de deux bouseux dont le plus monstrueux n'est pas celui que l'on croit (enfin ils se sont trouvés), la confrontation entre Maren et sa mère... Au fil de son voyage, les Mangeurs que croise la jeune femme lui renvoient une idée de son futur, si elle passait trop d'années seule au risque de tomber dans la folie ou la sauvagerie, et sa relation avec Lee peut se voir comme une tentative d'échapper à ce sort et maintenir une existence en apparence normale.

Road-movie oblige, hormis le duo principal la plupart des autres acteurs ont peu de temps à l'écran mais de ce fait le mettent à profit au maximum: André Holland en père toujours aimant mais dépassé par sa progéniture, Jessica Harper en grand-mère distante, Chloé Sevigny quasi-silencieuse mais impressionnante, Michael Stuhlbarg surprenant en espèce de gnome des bois flanqué d'un mignon "normal" joué par David Gordon Green, ou encore Mark Rylance dans le rôle de Sully, vieux briscard qui tente de s'imposer comme mentor et peut-être plus de Maren et prend très mal son refus, avec une touche d'infantilisme qui contribue à son aspect dérangeant.

Bones and All évolue sur un fil trop délicat pour ne pas vaciller occasionnellement. Il ne se montre finalement pas le plus convaincant dans son histoire d'amour pourtant mise en avant mais recèle des idées intéressantes et des moments forts, ce qui en fait un essai pas totalement transformé mais porteur d'une singularité séduisante.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 24 Octobre 2023, 19:26bouillonnant dans le chaudron "Films".