Un cambriolage dans la maison de son père met Raylan Givens en possession d'un vieux sac caché depuis des années dans ses murs. De quoi réveiller une chasse à l'homme impliquant la pègre de Detroit mais aussi bien vite Boyd et Ava, dont les affaires criminelles sont contrariées par un prêcheur itinérant et sa sœur.

Après une troisième saison intense avec un antagoniste particulièrement mémorable, l'entame de la quatrième parait presque plan-plan. On abandonne totalement l'aspect procedural mélangé à une intrigue au long cours pour quelque chose de plus complexe mais dont les tenants et aboutissants prennent leur temps pour émerger. Tout peut se résumer à une chasse à l'homme: un certain Drew Thompson, censé être mort des années plus tôt et qui est pourtant bien vivant, de l'histoire ancienne que Raylan va bien innocemment remettre sur le devant de la scène. Une intrigue qui ménage quelques jolies surprises et un adieu de taille et qui s'imbrique avec d'autres histoires au départ indépendantes mais qui d'une manière ou d'une autre s'en mêlent. Comme celle d'Ellen May, personnage très secondaire lors de ses premières apparitions, prostituée paumée un peu fofolle qui en sait trop sur les affaires de Boyd et Ava et qui tente de trouver une nouvelle voie, auprès d'un prêcheur dresseur de serpents à sonnettes et de sa sœur effacée mais plus habile qu'elle n'en a l'air.

Autre petit bon point, on explore un peu plus le personnage de Tim Gutterson, jusque-là présent quand il s'agissait de placer un tir délicat mais autrement peu développé. On mentionne un PTSD et on introduit auprès de Boyd une espèce de double négatif de ce personnage avec Colt, ancien policier de l'armée revenu plus perturbé de la guerre qu'il n'y était parti, à la gâchette facile mais qui va se trouver à son tour confronté à quelques dilemmes moraux qu'il reste étonnamment encore capable de ressentir. C'est d'ailleurs ce qui rend les crapules de cette série si fascinantes. À l'exception des sbires de la mafia de Detroit ici représenté par un certain Nick Augustine, malgré leurs actes il y a toujours une part d'eux qui laisse espérer qu'ils feront le bon choix. Le couple formé par Ava et Boyd illustre bien cette ambivalence, plongé dans le crime jusqu'aux yeux et n'envisageant pas leur vie autrement mais sincèrement attaché l'un à l'autre, aussi bien ennemis qu'alliés de Raylan selon les circonstances.

La construction de la saison demeure cependant bancale, avec un début qui prend son temps et un antépénultième et avant-dernier épisodes particulièrement intenses tandis que tout le monde tente de mettre la main sur l'insaisissable Thompson ou use de toutes les ruses pour l'exfiltrer. Du coup, le final de la saison, en comparaison, est plus décousu, concluant laborieusement et les unes après les autres les intrigues lancées auparavant. D'autant qu'Augustine est loin d'égaler Quarles en terme de charisme ou de vilénie et même sa sortie ne se hisse pas à sa hauteur (mais c'est peut-être aussi le propos: après tout, on n'est pas forcément dans une optique de faire dans le surenchère du côté de Detroit).

Dans le rôle d'Ellen May, Abby Miller a bien plus l'occasion de briller que dans les saisons précédentes (même si elle y était déjà très bien) et son personnage prend un tour particulièrement touchant. Il est amusant de retrouver Joseph Mazzello en révérend qui aime manipuler des reptiles à ses risques et périls et les rôles principaux sont toujours étincelants de charisme même si Natalie Zea est très peu présente cette saison (je n'ai pas calculé combien de temps s'écoulait vraiment depuis que Winona a annoncé sa grossesse mais un personnage en cloque pendant quasiment deux saisons, c'est rare, il me semble).

Avec un déroulement inégal qui amène autant de retournements de situation inattendus que de passages plus routiniers, cette quatrième saison continue tout de même de séduire grâce à des protagonistes toujours sur la brèche.