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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Killers of the Flower Moon
Dans les années 20, la nation Osage bénéficie d'une richesse inédite grâce au pétrole présent dans le sol de leur réserve: belles maisons, voitures de luxe, études universitaires et élégantes garde-robes, ils sont un exemple de prospérité aux yeux du monde. De quoi faire des envieux et les morts suspectes se multiplient dans leurs rangs, provoquées par des opportunistes beaucoup plus proches d'eux qu'ils ne le soupçonnent. Mollie Buckhart, dont plusieurs membres de la famille ont déjà succombé, commence à craindre pour sa vie. Détective privé engagé, voyage à Washington pour alarmer le président des États-Unis... Cela suffira-t-il pour que la justice se mette en branle?

Au sein de la riche et variée filmographie de Martin Scorsese, le réalisateur est souvent revenu à la criminalité aux États-Unis, qu'il s'agisse de la formation des premiers gangs urbains aux excès du monde de la finance en passant bien sûr par une exploration de la mafia italo-américain. Il n'était donc que temps et logique qu'il s'attaque à l'un des crimes fondateurs de l'Histoire de son pays. Plutôt que de se focaliser sur la Conquête de l'Ouest et les Guerres indiennes, il s'est basé sur le livre de David Grann, La note américaine, pour dépeindre une affaire beaucoup plus récente, survenue alors que le temps des massacres était supposé être un passé honteux. Les Osages avaient su négocier habilement, lors de leur installation sur une terre aride de l'Oklahoma, en obtenant de tirer bénéfice de la production de son sol. Les millions du pétrole à portée de mains, ils étaient devenus riches mais aussi victimes de l'opportunisme des Blancs, ces derniers aidés par le fait que les Osages n'avaient pas la permission de gérer seuls leur argent et étaient placés sous-tutelle, parfois exercés par les membres de leur famille par alliance.

C'est le cas de Mollie Kyle après son mariage avec Ernest Buckhart, neveu d'un riche éleveur de la région, William Hale. Hale est un ami de longue date du peuple osage et aussi, derrière son affabilité, leur pire bourreau. Tout au long des 3h26 du film, Martin Scorsese s'emploie à détailler ses machinations avec l'aide de sa famille et de quelques hommes de main tandis que l'on suit également le calvaire de Mollie qui commence à soupçonner son mari d'être mêlé aux meurtres sans vouloir y croire non plus, jusqu'au dernier mensonge, à la dernière lâcheté. La durée du film peut faire peur, il serait mensonger de dire que je n'ai pas vu le temps passer: il n'y a pas vraiment de chute de rythme ou d'ennui mais une fois arrivée aux séquences de procès, l'envie qu'Ernest témoigne une bonne fois pour voir les coupables condamnés se fait sentir. Néanmoins on ne voit pas ce qu'il y a en trop, l'enquête de Tom White est d'ailleurs simplifiée par rapport à ce que décrivait le livre de Grann, notamment concernant le double-jeu de Kelsie Morrisson. La mise en scène, classique en apparence, donne une amplitude de grande fresque à ce qui est une page de l'Histoire des États-Unis d'un sordide achevé et s'emploie à mettre en valeur les Osages, tout en réservant quelques scènes marquantes: l'incendie des terres de Hale par exemple, mais aussi un début de film et une conclusion qui posent les informations sans recourir aux traditionnels textes explicatifs. Derrière ce qui pourrait paraître un académisme de vieil homme, on trouve le moyen d'éviter les lourdeurs, travers de ce type de films historiques.

Leonardo DiCaprio devait à l'origine incarner Tom White, l'agent du FBI intègre, avant de se tourner vers celui, plus ingrat mais plus complexe d'Ernest, personnage pathétique sous la coupe de son oncle qui malgré ses méfaits est tout de même tiraillé par ses sentiments. Le scénario a alors été réécrit, car ne mettant pas assez en avant les Osages, personnages qui devraient être principaux, plutôt que la figure d'un sauveur blanc utilisée jusqu'à plus soif. Malgré les bonnes intentions et de nombreuses scènes montrant les Osages entre eux, leurs coutumes, le mélange de traditions et d'adoptions des mœurs des colons, le résultat à ce niveau est en demi-teinte, comme si la décision de DiCaprio de changer de rôle avait parasité celle de remanier le scénario pour se recentrer sur les membres de la nation Osage. C'est probablement son personnage que l'on voit le plus, son ambiguïté, ses rapports avec son oncle machiavélique et autoritaire, et sa médiocrité qui sont les plus développés.

Dommage, d'autant plus que l'acteur force le trait pour rendre le côté plouc de son personnage, au point de se demander ce que Mollie lui trouvait (cela dit, la question se pose aussi à la lecture du livre de Grann et le vrai Ernest n'avait même pas le physique d'un ancien joli cœur hollywoodien). Le reste du casting est en revanche impeccable, notamment Robert De Niro en patriarche écrasant sous un air jovial, dont le cynisme est tellement ahurissant qu'on ne sait même pas s'il en est lui-même conscient. Jesse Plemons et tous les seconds rôles, William Belleau, Louis Cancelmi, Cara Jade Myers ou même John Lithgow et Brendan Fraser pour des apparitions éclairs (les scènes de procès auraient-elles étaient raccourcies au montage?), tous sonnent juste. C'est toutefois Lily Gladstone qui illumine le plus l'écran de sa présence, tout d'abord en riche héritière sûre d'elle et espiègle puis en épouse et mère de plus en plus terrifiée et affaiblie mais encore combative.

Malgré mes quelques réserves, Killers of the Flower Moon impressionne et bouleverse, ne tombant pas dans les travers de la reconstitution appliquée d'un récit nécessaire.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 19 Octobre 2023, 22:19bouillonnant dans le chaudron "Films".